Les interfaces de réalité virtuelle ou de de réalité augmentée sont en train de devenir la coqueluche technologique du moment, et ce bien qu’il y en ait encore peu sur le marché et qu’il soit difficile de prédire lesquels vont réussir à s’imposer. MaIs il y a des signes qui ne trompent pas. Ainsi, les kits de développement pour les Oculus Rift, racheté par Facebook, qui ont été vendus pour 350 dollars en amont du lancement de leur seconde mouture au 1er trimestre 2016, s’arrachent neufs sur eBay pour 1 000 voire 1 200 dollars, et au-dessus de leur prix de vente pour les modèles usagés, a rapporté Ars Technica. Oculus a cessé de vendre ces exemplaires pour développeurs le 26 octobre, ce qui fait que le seul moyen de se les procurer est d’en trouver d’occasion – c’est ce qui explique en partie cette fièvre. Mais il y a aussi le sentiment parmi les geeks du monde entier que nous sommes à la veille d’une révolution technologique qui risque de se concrétiser lorsque plusieurs constructeurs vont lancer de nouveaux appareils de réalité virtuelle au cours des prochains mois. Intel, Google, Microsoft sont eux aussi à l’affût, soucieux de ne pas rater le coche.
Pourtant, les appareils proposés aujourd’hui se proposent en général comme un masque aussi gracieux qu’un sabot que l’on enfile sur son crâne et maintient en place à l’aide de lanières, le tout faisant ressembler le porteur à un zombie. L’affichage est commandé par les mouvements de la tête, décelés grâce à des senseurs intégrés dans le masque. On parle de réalité virtuelle lorsque les images affichées sont créées de toutes pièces, de réalité augmentée lorsque ce qui est affiché est une combinaison entre une vision du monde réel et des éléments virtuels.
Alors que les composants techniques requis pour assembler de tels masques sont matures, la difficulté réside dans la mise au point de programmes capables de combiner les informations recueillies par les senseurs et les ressources de l’unité de calcul au sein d’un programme capable de générer une expérience utilisateur suffisamment crédible pour surmonter le sentiment désagréable d’être immergé dans un univers « bidon ». Certains de ceux qui ont testé des prototypes se sont plaints de nausées, évoquant pour une partie d’entre eux une désagréable « latence » de l’image virtuelle affichée. Mais les plus enthousiastes jurent que ces prototypes apportent la preuve que la réalité virtuelle est sur le point de se concrétiser sous la forme d’objets de grande consommation. Les investisseurs en tout cas semblent penser que ce n’est qu’une question de temps avant que ces problèmes ne soient résolus et que les produits de réalité virtuelle ne s’imposent comme les nouveaux blockbusters.
De fait, les rachats de startups actives dans le domaine se multiplient ces derniers mois, et selon un relevé effectué par TechCrunch, les montants investis totalisent désormais près d’un milliard de dollars (en faisant abstraction de l’acquisition d’Oculus pour deux milliards de dollars l’an dernier), avec une nette accélération constatée au cours des douze derniers mois. Combien coûteront ces appareils ? Oculus semble vouloir vendre le sien pour au moins 350 dollars, et il y a fort à parier que ses concurrents ne seront pas loin de ce prix.
Pourtant, on peut supposer que le jour où les « head mounted displays » se généraliseront, les prix seront rapidement amenés à s’écrouler. Aucun des composants électroniques qu’ils contiennent ne peut justifier un prix aussi élevé. Pour parvenir à maintenir un tel prix, il faudrait combiner de manière astucieuse un design sophistiqué (qualité des matériaux utilisés pour le masque et les fixations) et un logiciel capable de s’adapter sans broncher à toutes sortes de configurations, le tout efficacement protégé contre les copies. En tout cas, la concurrence bon marché est déjà là, avec des modèles en carton proposés à la vente qui ne sont pas en reste pour ce qui est des fonctionnalités. Le temps que ces masques à rêve développés sur les bords du Pacifique traversent les océans, et nous pourrons à notre tour coiffer ces appendices pour plonger dans d’insondables univers oniriques le temps d’un trajet en bus.