Traditionnelle, réinventée ou résolument contemporaine, la céramique fait un retour triomphant dans les intérieurs les plus pointus depuis déjà quelques saisons, et le Luxembourg n’est pas en reste. En effet, si le très regretté Emile De Demo a su remettre au goût du jour cet art séculaire au Grand-Duché, une jeune génération apporte à présent toute sa fougue et son audace pour pérenniser cette tendance créative. C’est le cas d’Annika Lofqvist qui a installé son atelier et sa jolie marque Nordic Stella dans un lieu qui semblait fait pour elle, au 3 rue du Nord...
Originaire de Copenhague où elle a suivi un cursus de design graphique, Annika débarque à Luxembourg à peine son diplôme en poche, il y a près de vingt ans, et y fonde rapidement une famille. À l’époque, elle réalise des travaux de graphiste pour des projets d’amis et pour elle-même, puis lance quelques temps plus tard une ligne de prêt-à-porter pour enfants utilisant ses visuels Zilly Banana. Vendue dans un éventail international de boutiques, à Luxembourg mais aussi aux Pays-Bas et au Danemark, la marque a cependant du mal à devenir rentable, malgré une forte présence dans les salons dédiés : « Nous étions entre 2008 et 2010, c’étaient des années très difficiles pour le business et s’imposer comme nouveau-venu sur ce marché en crise s’est avéré trop compliqué ».
La jeune femme retourne alors à ses premières amours et s’installe comme graphiste indépendante dans un espace de co-working du quartier gare. Mais la satisfaction de créer ses propres objets lui manque rapidement et elle lance en parallèle de son activité le projet Nordic Stella, au sein même de cet espace il y a près de deux ans : « Les gens pouvaient venir prendre le café et décorer leur propre céramique, c’était très convivial ! ». Puis elle tombe en amour devant ce local de la rue du Nord, vide depuis deux ans... Elle en est certaine, c’est là qu’elle sera enfin à sa place. Elle mène sa petite enquête, finit par rencontrer les propriétaires et réussit à les convaincre grâce à l’originalité et au caractère familial de son nouveau projet. En novembre 2016, c’est fait, Annika investit sa nouvelle boutique. Il n’y a alors pas encore de collection céramique Nordic Stella : la créatrice y propose plutôt des activités de décoration et de personnalisation pour les entreprises, les anniversaires d’enfants... Pour ce faire, elle utilise une céramique suédoise mais aussi de la porcelaine pour réaliser de petits bijoux et de la peinture certifiée sans danger, avant ou après la fixation par cuisson dans un grand four métallique qui trône à l’arrière du magasin.
Mais sa situation avec pignon sur rue en hyper-centre attire les regards et les passants demandent, au fur et à mesure des semaines, s’il est possible d’acheter quelque chose... Il n’en fallait pas plus pour motiver Annika Lofqvist, qui sort courant 2017 sa première gamme : sur les petites et grandes assiettes, bols, boîtes, cache-pots et surtout sur les mugs – véritables bestsellers au dernier Marché des créateurs du Mudam – on retrouve tantôt un « Moien » stylisé, tantôt une élégante petite sirène qui flotte sur le blanc de la céramique : « J’aime beaucoup le fait que les deux villes de ma vie aient une histoire forte avec cette sirène. Ici il y a Mélusine, et à Copenhague la fameuse petite sirène du port ! Cela s’est donc imposé à moi comme motif emblématique pour
Nordic Stella ». On retrouve aussi d’autres animaux et quelques illustrations dédiées aux enfants, le tout étant réalisé à la main, à l’atelier/boutique.
Aujourd’hui, ce que souhaite avant tout Annika, c’est tout d’abord asseoir son activité et sa réputation, mais c’est aussi promouvoir cet atelier comme un vrai lieu de rencontre, de détente et d’échange autour d’un café et/ou d’une création ad hoc. Elle souhaite voir s’y relaxer sa clientèle anglophone fidèle, mais aussi les citadins de toutes générations et de tous horizons. La jeune créatrice semble être arrivée à la céramique par « une simple intuition », un coup de cœur, et c’est aussi ainsi qu’elle semble mener sa barque, calmement mais sûrement. Héritage scandinave ou trait de caractère local, il faut la rencontrer pour le deviner...