L’innovation, c’est quoi ? Même si l’innovation est souvent le produit des activités de recherche, elle n’est pas seulement produite dans des laboratoires. Elle englobe producteurs et utilisateurs, secteur public et privé, et elle transcende souvent les frontières entre pays et institutions. Le Manuel d’Oslo définit quatre types d’innovation : les innovations de produit (par exemple la voiture hybride), les innovations de procédé (la cuisson sous vide), les innovations de commercialisation (le payement par mobile), les innovations d’organisation (des nouvelles stratégies). On distingue aussi les innovations de « rupture » qui remplacent l’existant par quelque chose de nouveau et qui s’accompagnent d’un bouleversement technologique (par exemple passage de la cassette VHS au DVD) des innovations « incrémentales » qui ne bouleversent pas les conditions d’usage et l’état de la technique, mais y apportent une certaine amélioration, comme les évolutions successives du téléphone portable (2G, 3G).
Est-ce que toutes les innovations sont bonnes ? Non, innovation ne veut pas toujours dire progrès. Pour ne prendre que quelques exemples de la liste des innovations controversées : les organismes génétiquement modifiés, les chaussettes anti-odeur contenant des nanoparticules d’argent, l’énergie nucléaire, la fracturation hydraulique du gaz de schiste, les drones, les produits dérivés en finance, la viande fabriquée in vitro (dans des laboratoires). L’impact de ces innovations sur l’environnement, la santé, la société, l’emploi et/ou l’économie peut être négatif, ou du moins incertain.
C’est quoi l’innovation « responsable » ? Suite, notamment, aux controverses autour de certaines innovations, l’idée d’une innovation « responsable » a gagné en notoriété depuis quelques années. L’idée a d’abord été utilisée dans le domaine des nanotechnologies et des technologies de l’information et de la communication, pour ensuite se répandre dans d’autres domaines, comme la biologie, les finances ou l’architecture. René von Schomberg, à la Commission européenne, la définit comme suit : « Responsible research and innovation is a transparent, interactive process by which societal actors and innovators become mutually responsive to each other with a view to the (ethical) acceptability, sustainability and societal desirability of the innovation process and its marketable products (in order to allow a proper embedding of scientific and technological advances in our society) ». Si l’idée a ses mérites, elle est cependant aussi critiquée du fait que c’est une notion vague, difficile à opérationnaliser et mesurer, et qu’elle peut donner l’impression que dans le passé, les innovations étaient « irresponsables ».
Le Luxembourg, est-il un pays innovant ? Historiquement, le Luxembourg n’a jamais été un pays avec une forte tradition de recherche et une activité entrepreneuriale importante. Néanmoins, depuis une quinzaine d’années, les investissements en recherche et développement, tout comme la productivité scientifique, ont largement augmentés. À en croire les benchmarks internationaux pour mesurer l’innovation par pays, le Luxembourg peut de nos jours être qualifié comme un pays innovant. L’Innovation Union Scoreboard le classe cinquième au sein de l’Union européenne en 2014 et le Global Innovation Index le classe neuvième en 2015. Mais selon le dernier rapport de l’OCDE sur l’innovation au Luxembourg (2015), il reste du pain sur la planche : diversifier l’économie, renforcer les liens entre les acteurs de la recherche (notamment entre les instituts de recherche publics et l’université), améliorer la gouvernance, créer une stratégie nationale d’innovation, et cetera.
L’innovation peut-elle être « ouverte » ? Oui, de nombreux exemples d’innovations ouvertes existent, que ce soit en informatique (par exemple Linux, Firefox), en science (par exemple Science commons), en médecine (par exemple Open Source Drug Discovery for Malaria Consortium), en éducation (par exemple OpenCourseWare) ou encore en agriculture (voir l’article de Chancé et Meyer en page 36 dans ce supplément). Les avantages d’une innovation ouverte sont multiples : innover plus rapidement, plus démocratiquement, et garantir une meilleure adéquation entre usagers et producteurs.1