« On nous a demandé si nous voulions prendre le management de la société, résume Jean-Claude Bintz. J’ai hésité trois secondes avant de dire oui, Pascal peut-être dix. » C’est du moins la version officielle de l’arrivée des deux animateurs principaux de Tango, Jean-Claude Bintz et Pascal Koster, chez Vox Mobile, nouveau réseau de mobilophonie supposé lancer ses services ce week-end. Les principaux bailleurs de fonds de l’entreprise, baptisée dans une première phase Luxcommunications, sont Audiolux et BGL Investment Partners (BIP). Les deux sociétés de participations cotées en Bourse de Luxembourg ont chacune investi cinq millions d’euros. Un quart des parts sociales est réservé à l’équipe dirigeante de Vox Mobile. Le break-even est attendu dans quatre ans. On a un peu de mal à croire à ce rôle supposé passif des deux gaillards Bintz et Koster. Petit rappel : en juin 2003, à une semaine du délai pour soumettre un dossier pour la dernière licence UMTS, une fuite indique le départ prochain, mais supposé à l’amiable, de Jean-Claude Bintz du groupe Tele2. Le Land révèle la semaine d’après qu’il a en effet déposé un dossier de candidature pour créer « BintzCom ». L’idée de base du nouvel opérateur – réduire son investissement de quelque 35 pour cent en partageant l’infrastructure lourde du réseau avec un concurrent – avait déjà été promue par feu Jan Stenbeck, le fondateur du groupe Tele2. Vox Mobile obtiendra sa licence à la mi-juillet. L’objectif : collaborer avec Tango/Tele2 et lancer pour la fin d’année 2003. Les tractations autour du dossier avaient commencé au plus tard en avril 2003, quand les sociétés anonymes Luxcommunications et Biko Investments ont été créées par le cabinet Ernst [&] Young. Bintz et Koster savaient alors déjà, six mois après la mort de Stenbeck, que Tele2 attendait d’eux de réduire leur personnel à Luxembourg d’un tiers et que le temps des expérimentations était fini. Le projet initial de Vox ne prévoyait pas moins une collaboration avec Tango. Tele2 avait développé un tel modèle de partage des infrastructures en Suède. Or, on attendait du partenaire luxembourgeois de se couler dans le même moule. Début novembre 2003, Pascal Koster a entre-temps quitté officiellement Tango, il n’existait toujours aucun accord entre les deux acteurs. Ce n’était dès lors plus qu’une demie surprise que Vox Mobile annonce en décembre que le partenariat se fera finalement avec les P[&]T. Pour Audiolux et BIP, Vox Mobile est enfin l’occasion de prendre pied sur le marché de la mobilophonie luxembourgeois. Les responsables des deux sociétés étaient en 1997 déjà, dans différents dossiers, intéressés à la deuxième licence GSM. Ils avaient par après exploré des pistes pour entrer dans le capital de Tango, mais sans aboutir. De ce temps datent cependant des contacts avec Jean-Claude Bintz. Le puzzle était donc complet. L’aventure peut commencer.
Catégories: Télécoms
Édition: 06.05.2004