La Maison Blanche a publié cette semaine un plan visant à doubler les plages d’ondes électromagnétiques disponibles pour des applications sans fil commerciales. Il s’agit d’un coup de pied dans la fourmilière qui va sans doute susciter des résistances de la part des opérateurs ou autres intervenants qui détiennent aujourd’hui des licences sur les plages visées. Mais de l’avis général, si Barack Obama met en œuvre cette réforme, il en résultera une expansion et une accélération non négligeables de ce qu’on appelle communément outre-Atlantique le « broadband » sans fil, autre-ment dit l’accès à Internet à grande vitesse pour utilisateurs mobiles, et un regain d’innovation technologique.
« Le président pense que ceci est important pour l’économie, pour l’emploi et pour le budget fédéral dans son ensemble pour la décennie à venir », a expliqué le directeur adjoint du Conseil économique national, Jason Furman. Dès 2013, la téléphonie mobile à haut débit est censée générer un chiffre d’affaires annuel de trente milliards de dollars, selon le communiqué de presse de la Maison Blanche. L’administration américaine a-t-elle surtout en ligne de mire les dizaines de milliards qu’elle peut espérer encaisser en vendant des licences résultant de cette réallocation, ou entend-elle vraiment favoriser l’éclosion de nouvelles activités de haute technologie ? À première vue, même si les revenus de la vente de licences fait clairement partie du plan d’Obama, il y a aussi une volonté sincère de bousculer les « domaines » qui se sont formés au fil des décennies sur les différents spectres électromagnétiques utiles et sont en partie laissés en friche par les détenteurs de licences, compagnies privées mais aussi administrations diverses qui se contentent aujourd’hui de les thésauriser. Obama n’a pas hésité à parler d’une « révolution » à venir en matière de technologies de l’information. Il attend de son plan un impact considérable sur l’ensemble de l’économie, avec aussi la possibilité pour les États-Unis de générer une avance technologique que ses industries pourront exporter.
Une autre façon d’interpréter la dé-cision de l’administration américaine – qui doit encore passer au Congrès – est d’y voir une mesure pour s’assu-rer que les réseaux mobiles pourront accueillir le trafic de données, appelé à véritablement exploser au cours des prochaines années. Selon certaines projections, le volume de ce trafic pourrait augmenter de vingt à 45 fois d’ici cinq ans par rapport à 2009. Le risque d’engorgement est réel. En pra-tique, Obama a invité son administration des télécommunications à collaborer avec la Commission fédérale des communications (FCC) en vue de présenter un plan d’action d’ici le 1er octobre. Afin de surmonter les réticences des différentes agences qui bénéficient de plages d’ondes réservées, le texte diffusé par la Maison Blanche requiert expressément la coopération pleine et entière des ministères, dont ceux de la Défense, du Trésor et des Affaires étrangères.
Le plan de la Maison Blanche est très proche de celui présenté il y a quelque mois par la FCC, ce qui est évidemment de bon augure quant à sa mise en œuvre. Le seul écueil susceptible de mettre à mal ce projet serait qu’il soit vilipendé par certains groupes conservateurs comme constituant une intervention étatique abusive et une insupportable bureaucratisation. Mais comme les spectres électromagnétiques sont déjà réglementés de manière très méticuleuse, et pour d’excellentes raisons – après tout, il y a va notamment de la sécurité aérienne – il est impro-bable qu’une telle approche fasse beaucoup d’émules. Du côté des réseaux de télévisions, détenteurs d’une partie des pans de spectre visés, la réaction a été circonspecte : leur groupe de pression, la National Association of Broadcasters (NAB), a salué l’assurance donnée par la FCC que la récupération des plages actuellement réservées à la télévision se fera sur une base « entièrement volontaire ». La NAB a appelé le Congrès à adopter une loi d’inventaire afin d’identifier « les spectres en friche ou les sociétés qui pourraient ‘stocker’ des plages d’ondes ».