Les pannes de la plateforme de microblogging Twitter se suivent et se ressemblent, au point de commencer à faire sérieusement douter de la fiabilité des technologies qu’elle emploie. Cette semaine, les responsables de la société ont à nouveau dû prévenir leurs utili-sateurs que de nouvelles interruptions de service étaient à prévoir. Mardi matin, le service a été indisponible pendant trois heures, causant une profonde irritation chez certains de ses habitués. Le lancement du nouvel iPhone la semaine précédente avait causé une grosse panne, le désir de s’informer mutuellement sur les caractéristiques de l’appareil ayant causé une charge supérieure aux capacités du système.
Conscient de la fonction critique que Twitter a assumée pour ceux qui aiment partager avec le monde entier leurs commentaires en temps réel sur la Coupe du monde de football, son porte-parole Sean Garrett a rassuré les tweeters aficionados que tout serait fait pour que le service fonctionne durant les matchs à venir. « Du point de vue de la stabilité et des perspectives d’interruptions de service, c’est le pire mois de Twitter depuis octobre. Nous travaillons sur des ajustements pour offrir davantage de stabilité, alors que nous sommes confrontés à un trafic record. Nous avons des solutions à long terme mais en attendant, nous faisons des ajustements en temps réel pour augmenter notre capacité et éviter des pannes pendant la Coupe du Monde », a-t-il écrit sur son blog.
Il aussi reconnu que certains de ces ajustements, ou tentatives d’ajustement, avaient eux-mêmes causé des interruptions de service. Les interruptions pour maintenance seront programmées en-dehors des matches de la Coupe du monde. Ouf ! Avant le match Royaume-Uni-USA, Jean-Paul Cozzatti, un ingénieur de Twitter, a prévenu : « Vous pourrez encore voir la baleine en cas de pics de trafic exceptionnels ».
Une panne sur Twitter est notifiée aux utilisateurs par l’affichage de l’image d’une baleine attachée par des cordes que des oiseaux essaient de déplacer : c’est le message d’erreur connu sous le terme « fail whale ». Le phénomène reflète le succès de Twitter, lancé en 2006 et qui revendique aujourd’hui 190 millions de visiteurs par mois et 65 millions de tweets par jour. En 2007, Twitter a fonctionné pendant 98 pour cent du temps, ce qui n’est pas très fameux. La possibilité d’ali-menter la plateforme par SMS, pour-tant une fonction « native » du ser-vice, a dû être interrompue pendant cinq mois au Royaume-Uni en 2008, et son service de messagerie instantanée a entièrement cessé de fonctionner en octobre 2008. L’an dernier, ce sont des applications externes utilisées pour alimenter la plateforme qui ont été mises en échec par des franchissements de limitations techniques, un événement parfois décrit comme une « Twitpocalypse ». Sans compter les attaques de hackers qui ont aussi causé leur lot d’interruptions.
Pour Twitter, est-ce l’inévitable rançon du succès, ou le signe d’un manque de maturité technique inhérent à son modèle ? Cela fait un certain temps que la plateforme est utilisée par un public bien plus large que les geeks, au point qu’aux États-Unis, AT[&]T s’en sert pour informer ses clients … de ses propres pannes. Mais au vu de cette évolution, qui est malgré tout une consécration pour Twitter, ses dirigeants devraient peut-être redoubler d’efforts pour faire cesser ces pannes à répétition et atteindre des taux d’uptime en phase avec l’importance prise par la plateforme dans la vie de millions de personnes. Le fait qu’elle soit gratuite ne change rien à l’affaire : dans un environnement de nature aussi virale, la désaffection des utilisateurs peut s’étendre comme un feu de brousse et anéantir en quelques semaines tout ou partie de la popularité acquise au fil des ans.