Flawless

Deux tonnes de diamants…

d'Lëtzebuerger Land vom 24.09.2009

Il y a trois ans, le Land avait était invité sur le plateau de Flawless, la deuxième collaboration entre le réalisateur Michael Radford et Delux Productions, après The Merchant of Venice (2004). À l’époque, le projet s’annonçait prometteur. Il s’agissait d’un heist movie situé à Londres au début des années 1960, dans lequel un concierge proche de la retraite, interprété par le charismatique Michael Caine, s’allie à une jeune cadre, jouée par la star américaine Demi Moore, pour dérober quelques pierres précieuses de leur patron, la London Diamant Corporation. 

En vue de son architecture très marquée par les sixties qui l’ont vu naître, le lobby du Grand Théâtre devait alors tenir le rôle du siège de ladite entreprise fictive, alors que la façade du ministère de l’Éducation en représentait l’extérieur. En tout, l’équipe aura tourné sept semaines au Luxembourg pour une semaine dans la capitale britannique, non pas pour la ressemblance frappante entre les deux villes, mais pour les avantages financiers évidents, comme nous le confirmait à l’époque le réalisateur lui-même. 

Après un voyage plutôt périlleux à travers le circuit international, cette coproduction luxembourgeoise, entretemps sortie en DVD, trouve finalement son chemin sur les grands écrans locaux et confirme en partie le scepticisme qui le précède à l’égard de son parcours. Comme il l’avait annoncé dans son interview au Land le chef-opérateur Richard Greatrex (Shakespeare in Love, 1998) a tenté de retrouver les caractéristiques des images de l’époque avec bon nombre de plans d’ensemble bien composés et des mouvements caméras assez classiques. Les couleurs désaturées et l’exposition presque trop faible donnent finalement un look assez sombre au film, ce qui s’avère assez fatiguant compte tenu du nombre réduit de prises extérieures jours. D’une manière générale, les extérieurs – jours ou nuit – nous manquent dans ce thriller censé se dérouler dans une des capitales les plus animées au monde. Si le ministère de l’Éducation et le Grand Théâtre remplissent encore bien leurs fonctions respectives, les cadrages à l’extérieur trahissent le manque de décors naturels et l’étrange absence de figurants dans les rues londoniennes diminue le réalisme.

Parmi les revirements que l’on nous fait vivre pendant une centaine de minutes, un seul se montre vraiment surprenant. Pour le reste, Flawless tire sur les très grosses ficelles du genre.  Seuls les acteurs sauvent ce thriller de la médiocrité avec un Michael Caine amusant et un Lambert Wilson raffiné, qui tirent le mieux de leurs personnages stéréotypes. Demi Moore reste peu nuancée dans un rôle qui aurait mérité plus de présence.

Si l’on fait abstraction du manque de moyens par rapport  à la concurrence hollywoodienne et de « l’emballage visuel » qui s’ensuit, Flawless se place dans la basse moyenne des heist movies qui sortent régulièrement sur nos écrans. Les lacunes du scénario signé Edward Anderson, qui elles n’ont rien  à voir avec le budget, s’avèrent pénibles, même si les films qui cherchent à nous expliquer le casse du siècle tendent souvent à s’éloigner de la logique et du réalisme. Sans dévoiler les détails de la méthode, nous faire croire qu’un seul homme a pu déplacer à lui seul plus de deux tonnes de diamants pendant une nuit est tout simplement ridicule.

Fränk Grotz
© 2024 d’Lëtzebuerger Land