Lëtzebuerger Filmpräis 2009

Tout le monde gagne

d'Lëtzebuerger Land du 05.11.2009

La grande-duchesse, cette année, s’appelle Viviane (Reding). Ou serait-ce plutôt Désirée (Nosbusch) ? La première, commissaire européenne et femme politique du CSV, a été proposée par le ministre des Communications et président du CSV François Biltgen en tant que membre du jury pour le Lëtzebuerger Filmpräis 2009 ; la seconde, actrice et réalisatrice originaire du Luxembourg, a été sollicitée par le comité d’organisation. Toutes les deux représentent ce côté glamour qui doit apporter un peu d’ambiance hollywoodienne, toutes proportions gardées, à la remise du Lëtzebuerger Filmpräis, manifestation qui a lieu tous les deux ans et dont la quatrième édition se tiendra le 4 décembre dans le cadre pas si glamour de Luxexpo. Les autres membres du jury sont moins bling-bling, mais au moins aussi proches du cinéma : le critique Boyd van Hoeij, le directeur général d’Utopia S.A. Nico Simon, le chef opérateur (qui a marqué les premiers films d’Andy Bausch) Klaus Peter Weber, le professeur spécialiste en littérature luxembourgeoise d’expression française Frank Wilhelm et le réalisateur Dan Wiroth (entre autres « prix du jeune espoir » au premier Filmpräis, en 2003).

C’était un François Biltgen enthousiaste qui présentait, vendredi dernier, le cru 2009 du Filmpräis – le prix avait d’ailleurs été lancé sous son premier mandat aux Communications, 1999-2004 : création d’un blog interactif (www.filmprais.lu), hommage à Thierry van Werveke, les « journées du film luxembourgeois » lancées en avant-programme à la cérémonie, dès le 17 novembre, avec quatre avant-premières de long-métrages et deux ciné-conférences… Le but étant de « faire la fête au cinéma », à cette petite industrie du film locale et de valoriser les quelques centaines de personnes qui travailleraient dans le métier. 

Petit hic toutefois : cette petite industrie ne se remet que très lentement de sa grave crise avec plusieurs (quasi-)faillites d’il y a cinq ans, et a produit très peu de longs-métrages purement « luxembourgeois » ces deux dernières années. En plus, le comité a décidé, suite aux discussions des jurys précédents, de séparer les documentaires des films de fiction et de créer, outre la sélection des coproductions internationales, une section « films d’animation » – les jurés se retrouveront donc à choisir le principal lauréat, le « meilleur film de fiction luxembourgeois » parmi trois films ! Trois longs-métrages qui sont en plus des premières œuvres, dont deux n’ont pas encore été projetés au public. 

En effet, si Réfractaire de Nicolas Steil, sorti en mai de cette année, a reçu des critiques très mitigées, les deux très attendus Dust, le premier long-métrage de Max Jacoby (meilleur court-métrage avec Butterflies en 2005) et House of Boys de Jean-Claude Schlim, qui a pris sept ans pour le seul montage financier, ne seront montrés qu’à un public restreint lors des deux avant-premières, quelques semaines avant le Filmpräis. Comme pour un festival, le jury découvrira donc deux des films au moment de leur avant-première. 

À l’opposé, le Prix du public sera attribué par le public à un des quatre films les plus populaires du box-office des quatre dernières années : Léif Lëtzebuerger (Ray Tostevin, 9 000 spectateurs), Nuits d’Arabie (Paul Kieffer, 5 500), InThierryView (Andy Bausch, 5 100) et Luxembourg, USA (Christophe Wagener, 4 200). Une vingtaine de films concourent pour le prix de la meilleure coproduction, une quinzaine dans la catégorie du court-métrage, une dizaine pour le documentaire et six pour le film d’animation. Parmi ces films, les producteurs ont proposé une centaine de personnes susceptibles de concourir dans les catégories meilleure contribution technique et artistique – comme ces personnes doivent être résidentes du grand-duché, on se retrouve parfois avec des situations loufoques où seuls les petits rôles ou l’auteur de la musique sont sélectionnés, mais aucun des rôles principaux. Or, si les organisateurs insistent tant que la première ambition du Filmpräis est d’encourager tous ceux qui travaillent dans le secteur, au moins cette ambition-là devrait pouvoir être accomplie. 

josée hansen
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