L'article de Josée Hansen (d'Land 06/03) donne l'impression qu'en matière de politique du siège des problèmes se posent surtout pour la consolidation des services de la Commission, alors que la situation serait à peu près réglée pour le Parlement européen. Le fait que Julian Priestley ait annoncé que le P.E. voudra construire «un nouveau bâtiment pour ses secrétariats (...) équivaudrait à un engagement assez ferme pour la consolidation de ses activités au Luxembourg ».
Je n'en suis pas du tout sûr. D'abord j'ai des indications précises que le P.E. n'a plus à Luxembourg les 2086 postes garantis jusqu'en 2004, mais que ces effectifs sont dès à présent en dessous de 2000. Ensuite le P.E. ne cesse de restructurer ses services de façon à centraliser à Bruxelles les services politiquement les plus visibles, tels les secrétariats des commissions dont les derniers fonctionnaires ont quitté Luxembourg avec l'accord du Gouvernement après la visite de Mme Fontaine en janvier 2001. En ce moment même, le Parlement prévoit de transférer à Bruxelles les 174 fonctionnaires de la DG IV (études et recherches) qui devrait être dissoute et englobée dans la DG II pour créer deux nouvelles directions générales (politique externe et politiques internes), installées évidemment à Bruxelles. Ces mouvements sont dès à présent décidés par le Bureau du Parlement et annoncés aux fonctionnaires. Ils devraient en principe se dérouler de juin 2003 à 2005. Ils vont contre les accords et les dispositions des traités en matière de siège auxquels le Parlement devrait être le premier à se conformer!
Tout cela ne fait que confirmer qu'aussi bien le Parlement que la Commission considèrent Luxembourg comme une «garnison de province», comment l'avait dit l'ancien président du Parlement Gil-Robles, où seront installés surtout des services techniques, comme p.ex. la traduction, alors que les services politiquement prestigieux et importants pour la visibilité de Luxembourg, capitale européenne seront déplacés à Bruxelles. Ainsi, l'importante division de SANCO de la Commission à Luxembourg qui a une fonction législative, sera transférée à Bruxelles, on se demande bien pourquoi, alors qu'elle a fait ces dernières années un excellent travail législatif sans être à Bruxelles.
Tout cela n'est pas rose. Raison de plus pour défendre bec et ongles le site de Luxembourg. Evidemment, certains politiques considèrent cela comme fastidieux et «égoïstes» de la part des «grands» Européens que nous sommes censés être. Mais Luxembourg a un avenir dans une Europe de plus en plus grande et polycentrique et les fonctionnaires européens y sont attachés. À condition que notre pays y mette du sien en matière d'infrastructure sociales et scolaires et de logements, comme le montre très bien l'article de Josée Hansen.
L'auteur est député du LSAP