… une description que l’on connaît avant tout des plaques de chocolat, conviendrait aussi comme titre à ce que nous présente Gilles Béat dans son polar Diamant 13. Une ville pluvieuse fictive, montage savant des villes réelles Luxembourg, Charleroi, Anvers et Bruxelles, ou les éboueurs semblent en grève permanente et les tagueurs ne trouvent plus d’endroit pour rajouter un autre graffiti. Bref, le lieu idéal pour perdre tout espoir dans une vie meilleure et toute motivation d’aller au-delà de la routine.
Mat (Gérard Depardieu), flic de la treizième division de la police criminelle en est le parfait exemple. Épave d’un policier jadis ambitieux, il traîne son corps et son âme meurtris à travers les nuits garnies d’accidents de la route et de suicides, avant de conclure par un digestif au bar glauque du coin. Jusqu’au jour où il reçoit un coup de fil de son collègue Franck (Olivier Marchal), avec lequel il formait un duo redoutable dans le bon vieux temps. Qui aurait cru que c’est précisément ce dernier pilier de loyauté et d’honnêteté qui propose à Mat un plan de détournement d’argent. Malgré tout, Mat se montre intéressé. Mais Diamant 13 ne serait pas un film noir sans une femme et un engrenage fatal…
Du Commissaire Moulin à Navarro, le réalisateur Gilles Béat est un aficionado des policiers sous toutes leurs formes et les a dirigés dans de nombreux épisodes à la télévision. Revendiquant la légitimité du polar dans le cinéma français et se référant aux grands maîtres comme Melville, il s’est battu pendant plusieurs années pour porter à l’écran le roman L’Étage des morts de son ami Hugues Pagan. C’est finalement l’entrée en jeu d’Olivier Marchal (36 Quai des orfèvres, 2004) qui a fait basculer l’avis des producteurs. Il refusa le premier rôle que Béat voulait lui confier, mais retravailla le scénario et proposa Gérard Depardieu pour le rôle de Mat. Assez pour convaincre la société belge Artémis et son partenaire luxembourgeois Samsa Film de donner le feu vert à Diamant 13. Marchal a finalement accepté le rôle de Franck.
Mais aussi bénéfique que sa participation ait pu être pour la réalisation du projet, son interprétation du meilleur ami de Mat est décevante. Car même si le film vise plutôt l’exagération afin de bien entraîner ses spectateurs dans la mélancolie ambiante, Olivier Marchal vire dans la caricature à force de se donner un air ultra-blasé.
Par ailleurs, l’accès à Diamant 13 n’est pas facilité par la qualité de ses images. Pour un film qui dépend autant de son esthétique sombre, la caméra numérique reste un choix risqué (mais souvent imposé par le budget) à moins qu’il s’agisse du très haut de gamme accompagné d’un éclairage sans failles.
Finalement, c’est le charisme de Gérard Depardieu et le charme d’Aïssa Maïga dans le rôle d’une fille suicidaire, qui assurent notre passage dans l’univers de cette ville pluvieuse. La relation entre les personnages Mat et Farida nous apporte la bouffée d’air tant attendue et nous évite de nous perdre dans le noir une fois pour toute. Diamant 13 laisse donc une impression mitigée, entre divertissement moyen et attendes déçues.