On croit que la House of Training s’adresse aux secteurs qui ont le vent en poupe au Luxembourg, comme le droit ou la finance. C’est le cas d’une grande partie de programmes proposés. Mais parmi un catalogue de plus de mille formations, on trouve deux Ovnis : une « Formation interdisciplinaire pour artistes et créatifs » et le tout nouveau « Parcours certifiant en médiation culturelle ». Tellement nouveau que les cours n’ont pas commencé et même que la date de début n’est pas très sûre, cet hiver plus que probablement. Dans les deux cas, ces formations sont le fruit d’une collaboration avec le ministère de la Culture et l’Œuvre nationale de secours Grande-Duchesse Charlotte qui cosignent le certificat obtenu et qui subventionnent la formation pour qu’elle ne coûte rien aux candidats (la valeur de la formation en médiation est estimée à 2 600 euros).
« Nous avons travaillé ensemble à l’élaboration d’un programme, au recrutement d’un coordinateur pédagogique et à la définition des cibles », commence Stefano Paletta à la House of Training. « Jusqu’ici ce type de formation n’existait qu’à l’étranger, c’est intéressant de la proposer au Luxembourg, avec des intervenants qui connaissent le contexte local et ses spécificités. » Le programme comprend trois volets (on dit « bloc de compétence » de le jargon). Il s’agit d’abord de connaître le paysage culturel luxembourgeois et connaitre la mission de médiation. Fabio Spirinelli, spécialiste de l’histoire de la politique culturelle au Grand-Duché de Luxembourg sera en charge de cette partie du programme. Les blocs les plus spécifiques de la formation, « Savoir transmettre du savoir et construire son action de médiation » et « Développer et accueillir les publics » sont quant à eux pris en charge par Valérie Swain qui a notamment travaillé à la médiation au Frac des Hauts de France. Prise de parole en public, étude de cas, exercices créatifs, analyse des forces et des pièges de la gestion d’un projet de médiation interculturelle avec des participants issus de différents milieux culturels… seront les sujets abordés. Des intervenants de terrain, qui travaillent déjà dans le domaine au Luxembourg (guides de musées, pédagogues de théâtre, éducateurs musicaux…) seront également invités pour traiter de leur expérience et pour approfondir certains sujets (innovation, publics éloignés, outils pédagogiques).
Une trentaine de personnes ont postulé pour suivre ces soixante heures de cours, une sélection est en cours pour en retenir la moitié. « Les profils sont très variés et montrent d’abord que le terme de médiation culturelle n’est pas forcément bien connu et bien compris », constate-t-il en notant une confusion avec la méditation lors de conflits familiaux, juridiques, professionnels. « La sélection se fait sur base des dossiers en regardant les parcours, le background technique et linguistique indispensable au Luxembourg », détaille Valérie Swain. Elle estime qu’une diversité de parcours et d’expériences sera bénéfique en termes d’échanges au sein du groupe.
Elle précise encore : « au terme de la formation, le participant aura appris à définir sa mission, construire une action et les outils pour la mener, accueillir les publics et mettre en œuvre un projet complet de médiation culturelle ». Ce dernier aspect sera réalisé sur le terrain en collaboration avec des institutions culturelles de la place dans des conditions et des termes qui ne sont pas complètement définis. C’est pourquoi la date de début des cours n’est pas encore fixée.
Pour les institutions culturelles, qui ont parfois du mal à analyser leurs besoins, à connaître leurs publics (et leurs non-publics) et à trouver les bonnes personnes pour mener à bien toutes les étapes de la méditation, cette formation est une aubaine pour trouver des professionnels avec qui développer des projets. « Il faudra voir la valeur qui est accordée à ce certificat sur le terrain, mais c’est l’occasion de valoriser un métier, des compétences, des pratiques qui donnera plus de légitimité aux médiateurs », espère Stefano Paletta. Sur le terrain, les personnes qui exercent déjà cette profession souhaitent surtout que cela leur permette de s’assurer un cadre plus transparent sur les exigences et la rémunération. Le travail de préparation, par exemple, est rarement pris en compte pour les médiateurs free-lance qui sont payés en fonction de leur seule présence (de 15 à 80 euros de l’heure, selon diverses informations recueillies par d’Land).