À la veille de la Toussaint, les adeptes du rock alternatif ont trouvé le chemin du Pulp Club pour une soirée feutrée. Motif du rassemblement : la présentation du nouveau clip vidéo accompagnant Belaxt1, la dernière sortie sur disque de Torpid. Le groupe s'est produit dans le club où toiles d'araignées géantes et chapeaux de sorcières lugubres terminaient d'imposer l'intérêt grandissant pour les festivités (bien américaines) d'Halloween. Après quelques morceaux, Gilli Milligan (chant et guitare), Pol Krier (basse) et Patrick Müller (percussions), ont brièvement posé leurs instruments afin de permettre la projection en avant-première du clip. La performance musicale de Torpid a été, comme la plupart de leurs concerts, d'une qualité musicale s'élevant au-dessus de la moyenne. Le trio sait convaincre aussi bien par ses compositions que par une orchestration qui rime souvent avec improvisation. Quelques regards furtifs échangés à la fin d'un bridge et le trio passe harmonieusement au couplet sans jamais brusquer le flux mélodieux. La musique de Torpid2, et Belaxt n'y fait pas exception, est marquée au sceau de la musique dite alternative des années 1990 comme Sonic Youth, Pavement ou encore Killing Joke. Mélodies envoûtantes, rythmes bien ordonnés et passages improvisés permettent à Torpid de se dégager des autres groupes du Luxembourg. On peut même constater une évolution certaine au niveau du chant, qui, il est vrai, laissait à désirer sur les albums précédents. Le clip vidéo lo-fi, quant à lui, nous emmène en quelques minutes à la découverte d'un univers surréel et comique à la fois : le trio est montré en train de se prélasser dans un fauteuil lorsque, soudain, une vilaine chasseuse de primes ayant d'anciens comptes à régler avec le groupe, apparaît afin de les liquider. Mais heureusement, le trio se transforme en héros bioman et les trois compères arrivent à se débarrasser de justesse de cette headhunter latexisée. Et tout ceci sans avoir recours aux boules de feu Dragonball, mais bel et bien grâce aux pouvoirs des instruments de musique du groupe. Ce clip, réalisé par Fred Neuen, a enchanté le public présent au 36 boulevard d'Avranches et il fait penser à de nombreux égards aux clips vidéo des fameux Beastie Boys new-yorkais. Le caractère autodérisoire est inéluctable et on pourrait regretter qu'il frôle par moments le burlesque. Le réalisateur ainsi que Torpid affirment toutefois que ce travail a été réalisé sans aucune prétention et qu'il n'a aucune finalité commerciale. Le côté ludique du projet a été le moteur à l'origine de cette création artistique et à ce titre, Gilli Milligan ajoute que le groupe a voulu surprendre le public luxembourgeois par la sortie du clip. Reste à relever la sortie du court-métrage Trinity, réalisé par Fred Neuen sous l'égide de Tarantula, programmée pour le début de l'année prochaine. La sortie de Belaxt, single doublé d'un clip vidéo, surprend en effet et fait en plus preuve d'une motivation et capacité véridiques. Ainsi, le groupe s'est installé à Bruxelles depuis plus d'un an déjà afin de pouvoir se consacrer davantage à musique. Ils ont donc choisi de tourner le dos au Luxembourg, faute d'encadrement professionnel (agence de booking par exemple) et à cause des possibilités limitées. Lorsque l'on aborde le sujet du Centre des musiques amplifiées, institution qui améliorera certainement la situation, le frontman ne mâche pas ses mots. Il s'interroge en effet sur la capacité de la fameuse Rockhal à offrir une structure cohérente et, plus précisément, sur son efficacité pour la scène locale. Est-ce que ce ne sont pas les salles à petite capacité qui font manque au Luxembourg? Véritablement informés ou non, les membres de Torpid n'ont pas attendu l'ouverture du centre pour plier bagages.
1Torpid: Belaxt, contenant quatre versions de Belaxt, le vidéo ainsi que des photos du tournage, paru sur evolver records, 2004.
2Le groupe a trois album à son actif: Roontz en 1999, ...neh ineh en 2001 et LMNOP en 2003. Pour plus d'informations: www.torpid.lu