C'est probablement un pur hasard. Toujours est-il que le label eschois Own Records vient de publier le deuxième CD d'un groupe américain dont il assure la promotion européenne la même semaine qu'ont eu lieu les élections présidentielles outre-Atlantique: quelques mois seulement après Gregor Samsa et leur EP 27:36 (d'Land 10/04) - et grâce d'ailleurs aux contacts qui ont découlé de cet engagement-là -, Own Records vient de publier The curse of the longest day de 31 Knots, un EP quatre titres qu'ils sont chargés de diffuser sur tout le marché du vieux continent. Pour Own Records, le défi est énorme, 1000 exemplaires à vendre pour récupérer leur investissement. Mais en même temps, cela constitue un échelon de plus sur l'échelle qui les mène vers le marché international. «Bass - drums - guitars - vocals. All parts equal. A sum greater than the total of its parts,» proclame le trio originaire de Portland sur son site web. Et aussi que «being esoteric about art is pure snobbery». Non pas que la musique écrite et composée par le frontman Joe Haege ne soit pas sophistiquée. Bien au contraire. Mais leur rock est très charnel, sensuel, puissant et narratif. Sur les quatre chansons contenues sur le disque, chacune est différente, les rythmes changent constamment, le beat est cassé, une véritable dramaturgie est mise en scène. Commençant avec une interprétation très puissante de la constellation classique guitare / batterie / voix en intro (Welcome to stop), le CD s'ouvre ensuite sur une chanson genre ballade qui s'aventure dans les violons et le piano et qui raconte une vraie histoire rocambolesque (The corpse and the carcass). Au milieu, un ovni expérimental, quelques sons électroniques, des breakbeats, puis le silence. Retour à la vraie chanson rock avec The Story of Ivan Normal pour se terminer par un dernier titre très intense qui oscille entre un riff obstinant de simplicité et un tonnerre de basses, tout en n'ayant pas peur de l'humour des choeurs (Coward with claws). Le plus étonnant de 31 Knots est l'aisance avec laquelle ils changent de style, de rythme et d'ambiance entre, voire dans les morceaux. Non seulement ils pratiquent cet éclectisme, mais ils le revendiquent même. C'est une des qualités de leur rock progressif, une de celles aussi qu'ils font qu'ils s'inscrivent à merveille dans la politique éditoriale et l'esthétique d'Own Records, faisant même le lien entre les deux tendances fondamentales du label indépendant, entre le rock puissant de groupes comme feu Tiger Fernandez et les musiques électroniques, minimalistes et expérimentales d'artistes maison comme Sug[r]cane, Paso Doble ou Circle around the zero.
L'EP quatre titres de 31 Knots, The curse of the longest day est édité par Own Records, n°029, Esch-sur-Alzette, novembre 2004 et est en vente au prix de sept euros chez certains disquaires ou en ligne sur www.ownrecords.com. Dans le cadre de leur tournée européenne de promotion du CD, 31 Knots joueront le 14 décembre au Pulp, boulevard d'Avranches, Luxembourg. Ils y seront précédés de Là Fä Connected, nouvelle formation de Sim Ramos d'Own Records. Voir aussi le site du groupe: www.31knots.com.