Un an après This is the sinking, deuxième album qui a définitivement assis la réputation de Versus You comme l’une des formations les plus suivies du Luxembourg, avec notamment un passage dans les hit-parades de radios commerciales et jeunistes comme Eldoradio, le quatuor aux inclinaisons punk remet le couvert avec The mad ones.
Une pochette déclinant la fascination du folklore mexicain pour la mort et ses squelettes et un titre en clin d’œil à une célèbre citation de Jack Kerouac (l’une des grandes marottes d’Eric Rosenfeld, chanteur et auteur-compositeur du groupe) : « The only people for me are the mad ones, the ones who are mad to live, mad to talk, mad to be saved, desirous of everything at the same time, the ones who never yawn or say a commonplace thing, but burn, burn, burn, like fabulous yellow roman candles exploding like spiders across the stars and in the middle you see the blue centerlight pop and everybody goes. »
Si la stabilité et la cohérence sont de mise à l’intérieur du groupe, avec une formation qui n’a plus connu de changement depuis plus d’un an, Versus You est revenu sur le label de la structure allemande Fond of Life, qui avait sorti leur premier album et qui, pour l’occasion, collabore avec le label local Granny Records. La production et l’enregistrement ont été confiés au fidèle et efficace Charel Stoltz qui a su capter l’énergie d’un groupe soudé. Capter car l’enregistrement s’est fait dans les conditions du live donnant à l’ensemble une patine ramassée et l’aplomb d’un coup de trique. Par ce traitement, les guitares abrasives et le chant harangueur gagnent encore puissance et en street credibilty.
Musicalement, il ne faut pas s’attendre à une révolution de palais, mais à une consolidation des acquis, solidement ancrés dans le punk US comme Jawbreaker, Alkaline Trio et les Smoking Popes, sans atteindre la pureté de la voix du chanteur Josh Caterer. Dans ce chapelet, on peut aussi pointer les locaux de Petrograd, tout comme un pan du rock alternatif US du début des années 1990. Les textes sont toujours aussi désabusés, sincères et intègres, montrant un homme en proie avec ses démons, ses émotions. Toutefois, le ciel s’est peut-être un peu assombri au vu des tirades rarement guillerettes, assez éloigné de la posture festive et ironique d’un NOFX !
Exception faite de Seabelts, morceau de clôture de plus de six minutes qui referme l’album sur une mélancolie traînante, les compositions oscillent entre deux et quatre minutes et reposent principalement sur le schéma classique mais ô combien efficace s’il est maîtrisé, du couplet refrain accrocheur. Dès le Less guts, ultra mélodique avec un timbre étonnamment léger de la part d’Eric Rosenfeld, qui entame plutôt en douceur les débats, Versus You montre son savoir-faire. Accidental montre un chant plus appuyé ainsi que des guitares, elles-mêmes plus rentre-dedans. Suivent bombinettes punkysantes comme Patient, patient ; I left a note ; Rainmaker et son riff de guitare à la Afghan Whigs ; Everybody knows everything ou encore Rest, des midtempi qui laissent poindre plus de sensibilité tout en restant fort virils comme Risk ; Chore ; Nurse qui rappelle Sugar. Tout cela étant amené avec un juste dosage entre des composantes qui définissent le groupe, hargne et mélodies sucrées, qui les rendent justement compatibles avec une certaine idée du mainstream, sans pour autant passer pour des calculateurs ou des opportunistes courant derrière la hype et qui redéfinissent leur son à chaque nouvelle saison…
Évidemment, on ne demande pas à Versus You de se réinventer, mais si The mad ones confirme, de manière efficace, le savoir-faire du groupe et le voit peaufiner ses atouts, pour ainsi conforter sa place auprès de ses fans et autres amateurs du genre, il risque fort de laisser de marbre tous ceux qui sont avides de sensations inédites en ces temps de carrière kleenex. Mais il y a fort à parier, que Versus You s’en moque comme de son premier crachat dans la rue !
www.myspace.com/vsyou