Eugène Berger a pris personnellement en main l’affaire de l’ancienne usine du « Pulvermuhle » convertie en bureaux paysagers (voir d’Land du 7 novembre) où une importante contamination du perchlorétylène (PER) a été identifiée : le secrétaire d’État à l’Environnement a envoyé le 12 novembre dernier aux locataires des bureaux ainsi qu’à leur propriétaire une lettre de mise en demeure dans laquelle il « propose » l’arrêt de l’exploitation des bureaux. Une mesure provisoire pour cause d’infraction à la loi du 10 juin 1999 sur les établissements classés. L’ancienne blanchisserie industrielle Express Nettoyage à sec, fermée en 1996, a laissé derrière elle un bâtiment et un terrain complètement contaminés par le PER, un solvant qui intervient dans le processus du nettoyage industriel. Transformé en 2001 en bureaux de 1 400 m2, le site n’a jamais été assaini, ni par son ancien exploitant, comme la loi sur le commodo/incommodo le prévoit pourtant, ni par le nouveau propriétaire. De plus, l’autorisation d’exploitation pour cette surface, indispensable pour des bureaux de plus de 1 200 m2, fait défaut.
La soixantaine d’employés des deux sociétés de services qui se partagent le bâtiment, sur 700 m2 chacune, connaissent des problèmes de santé en raison des taux très élevés de PER. Ce solvant a récemment été classé en Europe dans la catégorie des substances cancérigènes.
Après avoir longtemps minimisé le problème de la contamination au PER, les autorités luxembourgeoises se sont senties obligées de réagir en invitant les occupants des bureaux à se trouver un autre toit.
Le problème de la contamination du site reste néanmoins entier. Et plus important que prévu puisque des concentrations très élevées de PER ont été détectées sur le terrain de l’usine voisine, la Secalt, spécialisée dans le montage d’appareils de levage. Il s’agit d’activités mécaniques qui en principe ne génèrent pas de pollution. Or, une contamination en trétrachloroéthylène (autre nom du PER) et en trichloroéthylène a en effet été identifiée au niveau de l’atelier de fabrication de la Secalt, et ce dès 1997. Une contamination en hydrocarbures a également été relevée par des analyses et des prélèvements réalisés régulièrement sur le site. « Nous avons constaté que les produits incriminés n’ont jamais été utilisés par la Secalt sur ce site, » a expliqué son PDG, Denis Pradon dans un entretien au d’Land. La pollution viendrait donc de l’extérieur. Le patron de la Secalt reste néanmoins prudent : « Je ne tiens pas à accuser les anciens voisins, » a-t-il ajouté. L’ancienne blanchisserie est située en contrebas du site de la Secalt. Les crues de l’Alzette toute proche ainsi que la pression hydrostatique auraient poussé la pollution au PER sur le terrain de son voisin.
Présent depuis les années 50 sur le site du Pulvermuhle, la Secalt a depuis trois ans dans ses cartons, un projet de délocalisation. « Nous n’avons aucune velléité de quitter le Luxembourg, » a affirmé M. Pradon. « Notre re-localisation au Luxembourg, poursuit-il, aura comme objectif de mettre à notre disposition des bâtiments mieux adaptés à notre activité. » Rien ne presse. La Secalt cherche à s’installer sur un site proche de la ville de Luxembourg où la société pourrait regrouper sur un seul lieu l’ensemble de sa production luxembourgeoise, au-jourd’hui dispersée dans trois bâtiments hors d’âge.
L’autre préalable est la vente de son site de 2,5 hectares au Pulvermuhle. Un terrain bien sous presque tous les rapports, car proche de l’aéroport de Luxembourg. La contamination au PER pourrait tout de même faire tiquer les acheteurs potentiels, même si la Secalt n’y est pour rien et que la responsabilité en incombe à l’ancienne blanchisserie industrielle, laquelle n’a jamais vraiment été inquiétée par les autorités luxembourgeoises. La balle est peut être dans le camp du ministère de l’Environnement pour qu’il rappelle les actionnaires – connus – de Express Net à leur devoir.
Véronique Poujol
Kategorien: Gesundheit
Ausgabe: 07.11.2003