Qu’il le veuille ou non, Daniel Balthasar est devenu une espèce de VIP au Luxembourg, non seulement à cause de ses deux albums solo antérieurs, mais aussi au vu de ses apparitions sur certains plateaux télé (plus ou moins recommandables), voire de ses participations à des campagnes de sensibilisation écologique de la Ville de Luxembourg. Il faut dire que sa belle petite gueule rassurante de gendre parfait aide beaucoup ! Et ce, malgré ou grâce à une humilité qui semble toute naturelle, ainsi la sortie de son nouvel et troisième album intitulé Palpitations s’est faite à pas feutrés, fin 2008, et la promotion semble suivre un rythme de croisière pour le moins sénatorial. Certes sa présence régulière sur les ondes luxembourgeoises lui maintient une visibilité salutaire. Mais revenons à nos moutons. Palpitations est l’album de la maturité pour Daniel Balthasar. Maturité, dans un sens péjoratif, car celle-ci semble emplie de concessions en tous genres. Pas que cet album soit mauvais, loin de là ! Le brave Daniel Balthasar se montre même un musicien aguerri et versatile, fort capable de trousser une chanson qui tient la route du début jusqu’à la fin et qui sait plaire tout en mettant en valeur son timbre voilé. Les arrangements sont variés et regorgent d’inventivité par rapport à beaucoup de productions du même tonneau. Épaulé par un groupe solide et soudé, où l’on pointe, entre autres, son comparse et batteur Michel Mootz de Blue Room, leur groupe en hibernation prolongée, Daniel B. jongle entre ballades et midtempos appuyés mais jamais trop saignants. En se confinant dans une espèce d’AOR (adult oriented rock) bien foutu et lissé, qui lui ouvre certes grand les portes des ondes locales, mais paradoxalement les clôt ailleurs malgré quelques faits d’armes honorables (présences au South By Southwest d’Austin, festival mythique et dans l’Indie Travel Guide de Manuel Schreiner), il remplit le cahier de charges avec une indéniable maîtrise. Mais, mais, mais,… en ce qui me concerne, il manque l’ultime étincelle qui assure une combustion corps et âme pour ses compositions. L’impression que ce dernier ne cherche surtout pas à sortir son public de ses habitudes s’installe.Cependant, le bougre arrive quand même à émouvoir les plus endurcis d’entre nous avec Now, belle ballade au piano serties des cordes alanguies et pincées finement arrangées. L’introduction obsédante de Chase the moon intrigue, et le morceau dévoile d’autres surprises avant un pont pataud vers le refrain où l’on retrouve ces merveilleuses parties de vibraphones du début. Accidentally met en vitrine un mellotron beatlesien du meilleur effet et envoie d’autres signaux empruntés aux swinging sixties. Les singles radiophoniques que sont Surprised, I/U et Lock ont leurs accroches évidentes, mais flirtent tous avec la redite transparente.Mais où ce bon Daniel prend tout le monde à revers, c’est avec Miss Violet, morceau d’une pureté immaculée composée pour le court-métrage homonyme réalisée par sa compagne, la photographe Véronique Kolber. C’est là, où on ne l’attendait plus, dans un morceau bonus en plus, qu’il montre toute l’étendue de ses talents de compositeur et d’arrangeur, qu’il laissait à peine entrevoir sur tout l’album, s’exprimant pleinement, sans aucune contrainte imposée. On a affaire à une petite comptine orchestrée de main de maître qui se développe petit à petit à partir d’une boucle de clavier à la Terry Ryley, avant qu’une sourde distorsion de guitare ne relance le thème ponctué par des cordes somptueuses et une batterie solennelle. Rien que ce morceau (fait jalouser et) laisse espérer que Daniel Balthasar dispose encore des ressources insoupçonnées et encore trop enfouies que l’on ne demande qu’à entendre au grand jour.Palpitations montre un artiste très à l’aise dans l’art d’habiller ses morceaux de manière convaincante et inventive, masquant la relative transparence de certains, malgré des éclairs de génie de-ci de là que l’on aurait espéré plus nombreux.
Marc Fiedler
Catégories: Rock, pop, electro
Édition: 08.01.2009