Après un premier album réussi, Urban, en 2007, le quatuor La Fa Connected nous offre une deuxième livraison sous la forme d’un EP téléchargeable intitulé A distant fortune. Offre, car ces morceaux ainsi que l’artwork sont disponibles gratuitement sur Internet en vous connectant sur leur site Myspace. Se sont-ils faits rattraper par une époque où même les gros vendeurs offrent leurs morceaux sur la toile devant les ravages supposés d’un téléchargement plus ou moins illégal contre qui l’industrie musicale sclérosée n’a pas toujours su trouver la parade, voire une adaptation adéquate aux nouvelles donnes ?
Il n’en est rien, car si cette démarche quelque peu idéaliste embrasse cette époque déréglée et fait la nique aux conventions en débâcle, elle émane plutôt d’un souhait de clore un chapitre tout en donnant un signe de vie. Ces morceaux ont été enregistrés fin 2007 dans les studios de la Kulturfabrik et de la Rockhal, quelques turbulences et évènements divers ayant sérieusement modifié l’optique du groupe. L’un des membres a connu entre-temps les joies de la paternité, un autre est revenu au pays après un futur incertain et aux dernières nouvelles, le groupe s’est élargi avec l’arrivée d’un guitariste supplémentaire. Mais plutôt que de laisser moisir ce projet presque avorté dans un tiroir et laisser se développer l’un ou l’autre frustration intestine, le groupe décide de les sortir comme ça, sans presque aucune promo. Sage décision…
Voilà pour le décorum et les rumeurs d’arrière-cuisine de cet instantané révolu et quasi condamné à un discret anonymat. Pourtant, servis par un son clair, on retrouve tout ce qui définit la force de La Fa Connected. Chant passionné, chevrotant et harangueur ; guitares aussi versatiles et aériennes que rageuses ; batterie confondante de pertinence et d’élégance ; basse ronde et sobre ; tous ces éléments sont au service d’un songwriting toujours aussi marqué par l’indie rock US d’où l’on peut pointer des références chiadées comme Fugazi, The Lapse, Sparta ou encore Sunny Day Real Estate première période.
Sur un quart d’heure, La Fa Connected dévoile son côté le plus compact et ramassé avec des morceaux oscillant entre trois et quatre minutes. Morceaux dont la force de conviction s’étale dans cette capacité à embrasser dans une même étreinte essaims aériens et rage contenue. Seul Spoiled boy se démarque de ce mode opératoire en préférant rentrer directement dans le lard après une introduction enjouée en harmoniques. Autres points forts de cet EP, le morceau éponyme qui aurait eu sa place sur l’album et Come as a friend avec ses backings rêveurs sur des motifs entêtants de guitare se dandinant sur une rythmique qui s’énerve au fil des mesures. Sans se forcer, ce Distant fortune replace La Fa Connected parmi le peloton de tête des formations à guitares de ce pays, mais qui s’en soucie ? Certainement pas La Fa Connected, trop occupé à préparer de nouveaux faits d’armes. Il ne faudrait pas se priver pour autant de leur généreuse initiative à portée de clic !