À bord d’un vaisseau spatial déserté, un homme dénommé Monte (Robert Pattinson) élève un bébé avec des moyens limités. Dans cet environnement froid et aseptisé, un écran avec des images triviales de la vie sur terre est le seul divertissement. A travers une mosaïque de flash backs, on comprend que Monte faisait parti d’un groupe de détenus envoyés dans les profondeurs de l’espace afin d’explorer les trous noirs et le potentiel d’exploitation de leur énergie.
Avec High Life, Claire Denis (Un beau soleil intérieur, 2017) nous met en face d’une réflexion complexe sur l’humanité et ses tragédies inhérentes. Est-ce que le trou noir que ce groupe symbolique approche est le siphon qui engloutira l’espoir pour de bon ou est-ce que ce sera le portail vers le renouveau? Telle est la question finale vers laquelle semble graviter l’intrigue de l’auteure-réalisatrice.
Dans ce tourbillon des vertus, bonnes et mauvaises, un rôle décisif incombe au docteur Dibs, interprété par Juliette Binoche. Condamnée elle-même pour avoir tué ses enfants, elle tente, malgré la radiation spatiale, à tenir en vie des fœtus créés avec la contribution plus ou moins volontaire de l’équipage. Quelque part entre une sorte de docteur Frankenstein manipulant les fluides humains de manière très graphique et une sirène faisant flotter ses longs cheveux noirs dans le souffle de la climatisation, elle résume en elle les notions de désir, vengeance, rédemption et espoir traités à travers les viols, trahisons et complicités à bord. L’odyssée dystopique de High Life laisse peu d’espoir. Seul Willow la nouvelle née à bord, semble voir le bien dans ces êtres perdus. « Pour moi, vous êtes tous des héros », déclare-t-elle.
High Life polarise par les conventions qu’il impose (aussi par manque de budget) au spectateur. L’éclairage fixe pour le décor entier tend à relever le côté carton de celui-ci. Les lois de la physique, ignorées, sont défendues comme partie intégrante du concept, mais on se demande alors pourquoi situer une histoire dans l’espace si on ne cherche pas du sens pour l’histoire à travers les conditions de cet environnement. Si le critère était un lieu lointain et isolé, on aurait pu en trouver sur la planète terre. La croix faite sur le réalisme psychologique d’un homme passant des années en isolation totale demande également un certain degré d’acceptation, tout comme le jeu minimaliste. Bref, les cinéphiles s’attendant à un film de science-fiction (label que Claire Denis refuse d’ailleurs) techniquement élaboré et réalisé avec virtuosité ne trouveront pas leur bonheur. Le premier long-métrage en langue anglaise de la cinéaste est plus proche du théâtre filmé et passe par un détour galactique pour livrer un message finalement assez simple. Les moyens de mise en scène et de production de ce projet avec son casting impressionnant, comprenant également Mia Goth, Lars Eidinger et André Benjamin, n’est pas toujours à la hauteur de son ambition.