Le Parti communiste luxembourgeois (KPL) ne représente pas seulement une importante tradition politique, mais il fait partie intégrante de l’histoire du pays. Pas seulement à cause du rôle des militants communistes dans la résistance face à l’occupant nazi et de la présence communiste au sein du premier gouvernement d’après-guerre, mais aussi parce que depuis qu’il existe, le communisme a incarné les espoirs d’une partie du prolétariat et de ceux qui luttent pour une société plus égalitaire. La crainte du communisme a forcé les puissants à bien des concessions. L’État social n’existerait pas sans la pression continue exercée par ce contre-pouvoir représenté par l’idée communiste. Ce n’est pas par hasard que la disparition de l’Union soviétique et la perte d’influence de la mouvance communiste ont vite été suivies par les premières tentatives de démantèlement de l’État social.
Toutefois, comme le chante Jean Ferrat, les communistes sont encore et toujours cette « petite voix qui dit non » au consensus néo-libéral et aux puissants. Une petite voix que l’on n’entendra pas lors des débats audiovisuels officiels organisés dans le cadre de la campagne électorale pour les élections communales du 8 octobre, puisque le KPL en a été exclu, comme l’on pouvait lire dans le Quotidien du 9 septembre. Et en effet, dimanche dernier, le KPL n’était pas représenté dans les débats sur RTL et 100,7. Suite au changement d’une réglementation, les partis qui ne présentent pas suffisamment de listes complètes dans des communes rassemblant au moins un quart de la population du pays ne sont pas invités à débattre avec leurs concurrents. Ainsi le parti n’aura pas la possibilité de présenter son programme pour les villes d’Esch-sur-Alzette et Differdange, bien qu’il y présente des listes complètes, lors des six débats officiels.
Quelle peut bien être la raison de priver d’antenne le KPL, l’année où l’on commémore le 80e anniversaire du référendum sur le Maulkuerfgesetz ? Dimanche dernier, trois des six partis représentés dans les débats appartenaient à la coalition gouvernementale. Ils ont accaparé la moitié du temps d’antenne – une situation qui n’est tout de même pas saine pour le fonctionnement d’une démocratie qui se veut pluraliste. Le fait que cette nouvelle réglementation ait été entérinée par le ministère d’État donne matière à réflexion. Il semblerait bien, qu’aujourd’hui, tout comme à l’époque de Joseph Bech, faire taire l’idée communiste reste une priorité. Voilà du moins une chose sur laquelle le gouvernement et les héritiers de Joseph Bech semblent d’accord.