C’est un petit musée dont nous ignorions l’existence quand nous étions nous-mêmes élèves au Lycée de garçons du Luxembourg (LGL). Mais ce « musée de la physique », une petite collection d’anciens appareils de physique, mérite un triple retour dans le passé : retourner dans notre propre lycée, y contempler des objets qui ont 100 ans ou plus et les prendre en photo avec un iPhone avec l’application Hipstamatic qui produit des photos… viellies.
L’histoire de ce « musée » remonte jusqu’au XIXe siècle quand, à l’École industrielle, le précurseur de l’actuel Lycée de garçons du Luxembourg, on commença à acquérir des appareils de physique. Une grande partie de cette collection est aujourd’hui exposée dans des vitrines. Il y a même des appareils – environ une vingtaine de pièces – que les professeurs de physique du lycée utilisent de nos jours pour illustrer leurs cours (sans pour autant faire manipuler les élèves directement). Le reste des appareils ne sont pas activement utilisés à des fins éducatives, mais attendent patiemment qu’on les admire dans les vitrines.
Selon Pascal Daman, le responsable de cette collection au LGL, ces objets ont l’avantage de ne pas être des « black box », des objets où l’on ne verrait pas ce qui s’y trouve à l’intérieur. Justement, on peut percevoir l’intérieur de ces objets, puisqu’ils sont quasi « transparents ». Avec les appareils de physique qu’on fabrique de nos jours, nous explique Pascal Daman, cela n’est plus possible, tout est caché. Toutefois, les élèves du lycée s’intéressent relativement peu à ces objets et ce sont plutôt les conférenciers invités au LGL qui se montrent les plus fascinés…
Quelqu’un d’autre qui se montra très intéressé par la collection, au point de vouloir la posséder, c’était les « cours universitaires » qui, avant de déménager au Centre universitaire (l’actuel Campus Limpertsberg de l’Université du Luxembourg), étaient logés au LGL. Au moment de leur déménagement, les « cours universitaires » voulaient emmener la collection, mais le LGL, bien sûr, voulait la garder. La réponse pour déterminer qui en avait historiquement le droit se trouvait dans les registres, rapports de fin d’années et chroniques de la fin du XIXe et du début du XXe siècle : c’était bien le LGL…
L’objet le plus « riche en histoires » est l’électromètre capillaire à mercure. C’est Gabriel Lippmann lui-même qui en a fait don au LGL. Gabriel Lippmann (1845 1921), c’est ce Français qui a vécu les trois premières années de sa vie au Luxembourg et qui a reçu le prix Nobel de physique en 1908 pour sa théorie ondulatoire de la lumière, dont l’application pratique est la photo-graphie interférentielle. Il y a même un Centre de recherche public, le CRP Gabriel Lippmann, qui porte son nom. Lippmann a lui-même réalisé des expérimentations scientifiques avec cet électromètre et c’est en fait un appareil avec lequel il a beaucoup plus travaillé que les équipements qui lui ont finalement valu son Prix Nobel.