Le réseau social de géolocalisation par excellence, Foursquare, a annoncé cette semaine qu’il quittait Google Maps en faveur d’Open Street Map (OSM), un projet de cartes crowd-sourced, autrement dit créées et mises à jour par leurs utilisateurs. Pour Foursquare, qui invite les internautes à renseigner en permanence leurs contacts sur les lieux où ils se trouvent, la cartographie joue évidemment un rôle essentiel. C’est donc une décision d’importance prise par les administrateurs de ce réseau social. Sur leur blog, ils expliquent les raisons qui les ont poussés à abandonner Google Maps, qui domine largement ce marché.
En toute candeur, ils expliquent se trouver dans l’imitation, ayant été frappés par le nombre de sociétés autour d’eux qui adoptaient Open Street Map, qu’ils comparent à un « Wikipédia pour la géographie ». Cependant, pour obtenir l’effet visuel recherché, Foursquare a fait appel à une startup, Mapbox, qui génère des cartes « magnifiques » à partir des données d’OSM. Grâce au travail des utilisateurs de ce projet, les cartes sont appelées à s’améliorer de manière continue, fait valoir Foursquare, tandis que Mapbox offre la flexibilité requise pour que l’aspect des cartes puisse en permanence être adapté aux besoins de Four-square. Il y avait cependant aussi une motivation financière pour Foursquare, qui explique qu’« alors que la nouvelle tarification des interfaces utilisateurs de Google Maps était la raison qui nous a poussés au départ à chercher d’autres solutions, nous avons fini par changer parce qu’après toutes nos recherches et tous nos test, Open Street Map et Mapbox étaient simplement ce qui nous convenait le mieux ».
L’idée de faire appel aux utilisateurs pour générer et tenir à jour des cartes ne date pas d’hier : OSM a été créé en 2004 par Steve Coast en tant que projet open source. D’emblée, le projet adopte pour ses données une licence de type Creative commons sous sa variante Share alike, qui prévoit que les licenciés peuvent redistribuer des œuvres dérivées seulement sous une licence identique à celle qui régit l’œuvre originale. Comme pour Wikipédia, c’est une fondation qui gère le projet ; comme sur Wikipédia, les pages d’OSM arborent en bonne place un bouton « Edit », qui per-met aux utilisateurs d’ajouter ou de corriger un détail, comme un changement de sens interdit ou la création d’un sens giratoire. Autre analogie avec Wikipédia : le site maintient une liste de l’historique de chaque information apportée. Pour alimenter le site, les utilisateurs enregistrés peuvent y placer leurs fichiers renseignant leurs pérégrinations telles qu’enregistrées par le GPS de leur smartphone et les éditer en ligne.
Google n’a vraisemblablement pas vu d’un très bon œil l’avènement d’un rival open source à son projet Google Maps, qui est devenu durant la dernière décennie la référence incontournable en matière de cartographie en ligne. Le magazine Mashable rapporte ainsi qu’une personne utilisant une adresse IP de Google a été prise la main dans le sac à vandaliser le projet OpenStreetMap, en y entrant des informations erronées pour plusieurs villes, par exemple en inversant les sens interdits.
La décision de Foursquare dénote-t-elle une gourmandise excessive de Google pour ce qui est du prix de l’accès à l’interface utilisateur de Google Maps ? Foursquare n’entre pas dans les détails à ce sujet, mais au-delà de ces considérations, le fait que sa dizaine de millions d’utilisateurs soient prêts à consacrer du temps à informer leurs congénères de leur localisation suggère qu’ils pourraient aussi être disposés à contribuer eux-mêmes des données au projet OSM. Créé en 2009 et valorisé à quelque 600 millions de dollars, Foursquare décerne des badges et des titres de maire à ses utilisateurs et crée ainsi entre eux une émulation sur la fréquentation de lieux publics. Le réseau social est donc bien plus jeune que le projet Open Street Maps, mais il bénéficie d’une forte notoriété et on peut imaginer que ce rapprochement donnera un coup d’accélérateur à Open Street Maps.