Avant même le départ de Vic Gundotra, annoncé fin avril, les conjectures allaient bon train sur la stratégie que Google allait adopter pour son réseau social Google+. Après la démission de celui, qui au sein du géant du Net était responsable de ce réseau, les discussions sur son avenir n’ont fait qu’enfler. Google s’est contenté d’affirmer, par la voix de son CEO Larry Page, que la firme allait « continuer de travailler dur pour construire de belles et nouvelles expériences pour les fans de Google+, dont le nombre ne cesse de croître ».
Vic Gundotra, un ancien de Microsoft, a rejoint Google en 2007. Par rapport à Facebook, il faut reconnaître que le projet Google+ qui faisait partie de ses responsabilités n’a pas rempli ses promesses, du moins en termes du nombre de ses utilisateurs, qui serait de 540 millions alors que Facebook en a plus d’un milliard et fait désormais un tabac grâce à la publicité sur smartphones. On reconnaît volontiers à Google+ qu’il propose des règles plus transparentes que ses principaux concurrents et la possibilité pour ses utilisateurs de structurer de manière plus intelligente et plus contrôlée ses différents « cercles » (famille, amis, collègues…), le tout débouchant sur une meilleure protection de la sphère privée. Mais si on le mesure à l’aune du poids qu’occupe désormais Google avec son moteur de recherche, son dispositif publicitaire, ses applications et Android, il est légitime de dire que Google+ est, à ce jour du moins, un flop.
Certains affirment que Google s’est endormi en matière de réseaux sociaux et que la partie est jouée. Le brouillard qui entoure la stratégie que la firme entend adopter pour Google+ entretient, en définitive, le halo de mystère qui entoure la stratégie globale du géant. Le magazine TechCrunch a affirmé qu’un millier d’employés attelés au développement du réseau social étaient en voie d’être redéployés vers d’autres tâches, liées à l’essor des mobiles.
TechCrunch avance que Google+ ne sera désormais plus un produit, mais une plateforme qui ne serait plus en concurrence avec les autres réseaux, mais servirait simplement de lieu de passage entre différentes applications affiliées à Google.
Avant même le départ de Vic Gundotra, une certaine indécision de l’état-major de Google quant à l’avenir du réseau social était perceptible. Et ce malgré certains développement qui continuaient d’être faits ces derniers mois, notamment en matière de travail en ligne sur ses photos. Mais il devenait difficile de comprendre la direction que Google voulait emprunter avec son réseau social. TechCrunch hasarde l’hypothèse que, Google étant omniprésent dans la vie de tant d’internautes, un Google+ qui apparaîtrait à chaque tournant, en embuscade dans chaque application liée à Google, allait nécessairement être perçu comme une sorte d’envahissante « araignée velue ». D’où la nécessité de ne pas en faire trop, afin de ne pas dégoûter ses utilisateurs.
On sait, par les acquisitions qu’il a réalisées ces derniers temps, que Google travaille sur des projets ambitieux en matière de robotique mais sans rien en dévoiler. Android, son système d’exploitation pour smartphones et tablettes, dont on a souvent affirmé qu’il s’essoufflait, semble au contraire avoir le vent en poupe, notamment après un récent jugement en matière de violation de brevets qui a certes reconnu quelque 120 millions de dollars de dommages et intérêts à Apple, mais qui, de l’avis de bien des experts, marque en réalité l’échec de ce dernier à limiter le succès grandissant d’un système concurrent. Plutôt que de vouloir imposer Google+ de manière frontale, en cherchant à faire « du chiffre », la firme de Mountain View a vraisemblablement décidé, tout en préparant le lancement de nouveaux gadgets comme Google Glass, de miser sur le succès de ces derniers pour favoriser l’adoption en douceur de Google+.