Si, depuis 1996, il existe déjà un dictionnaire couvrant la partie «luxembourgeois-italien», la nouvelle version de Maria Luisa Caldognetto et Jos Boggiani qui vient d'être présentée, comprend également la partie «italien-luxembourgeois». Chacune des deux présente plus de 6000 mots. Le corpus luxembourgeois reprend la première édition revue, corrigée et employant la nouvelle orthographe, tandis que la version italienne se base sur une étude de l'italien parlé menée par le linguiste Tullio De Mauro (Guida all'uso delle parole, Rome 1989).
L'idée de concevoir un tel dictionnaire - indispensable aux milliers d'Italiens vivant au Luxembourg, comme aux nombreux Luxembourgeois désirant apprendre la langue de Dante - est née en 1992 lors des célébrations du centenaire de l'immigration italienne au Luxembourg. La communauté italienne s'est rendue compte que malgré une si longue cohabitation et de nombreux échanges culturels, il n'y avait pas encore d'instruments concrets comme le dictionnaire liant les deux langues en question.
C'est ainsi, grâce à l'engagement persévérant des auteurs dans le cadre du bénévolat associatif, que cet instrument pratique et facile à consulter a pu voir le jour. Il est évident que les publications de ce genre dépendent essentiellement de l'initiative de particuliers. Surtout au Luxembourg. Sinon comment pourrait-on expliquer l'existence d'un dictionnaire hongrois-luxembourgeois (2001) ou roumain-luxembourgeois (2002) avant qu'il n'y ait eu une publication pour chacune des langues de la communauté européenne, comme par exemple l'espagnol ou le néerlandais?
Pendant ces derniers mois, les relations entre l'italien et le luxembourgeois se sont largement consolidées. La poétesse luxembourgeoise Anise Koltz a reçu il y a quelques semaines le prix Leggere per conoscere (Lire pour connaître) décerné par le ministère de la Culture italien pour son recueil Il paradiso brucia traduit par Elio Pecora. Il s'agit d'un prix récompensant un recueil de poésie choisi par le vote de milliers de lycéens. D'autre part l'expérience de nombreuses années d'enseignement au Centre de Langues a poussé Annalisa Rana et Luisella Piccoli à publier une nouvelle grammaire italienne Ricordi? présentée d'une façon très ludique. Le nouveau dictionnaire italien-luxembourgeois constitue ainsi la preuve la plus récente des maints échanges linguistiques.
Il s'agit d'un instrument incontournable pour apprendre la langue italienne ou la redécouvrir pour ceux qui l'ont étudiée il y a bien des années. D'un côté, il s'adresse aux Luxembourgeois ayant quelques connaissances de base en italien, de l'autre il est utile aux Italiens immigrés ne pratiquant plus régulièrement leur langue maternelle. De même, le vocabulaire fonctionne aussi à merveille dans le sens inverse, en ce qui concerne la (re-)découverte de la langue luxembourgeoise. On pourrait même le considérer comme une tentative d'augmenter à 6000 mots le vocabulaire du luxembourgeois réellement parlé, puisque certaines des paroles citées ne sont employées que rarement dans la vie de tous les jours. N'est-il pas insolite de traduire le verbe «discutere» par le mot «diedegen»? De même on retrouve avec plaisir des adjectifs devenus plutôt rares comme «topeg» ou des noms comme «Flantermaus» et «Mued» qui figurent déjà sur la liste rouge élaborée par l'Actioun Lëtzebuergesch.
Enfin un vrai divertissement pour tout pratiquant d'au moins une des deux langues et un agréable prélude à l'imminente présidence italienne de la communauté européenne...
Maria Luisa Caldognetto et Jos Boggiani: Lëtzebuergesch-italienesch Dictionnaire, vocabolario italiano-lussemburghese, édité par le CLAE et l'association convivium, ISBN 2-9599924-4-X, prix 10 euros. / Anise Koltz: Il paradiso brucia e altre poesie, Rome 2001, ISBN 88-87450-00-5. / Annalisa Rana et Luisella Piccoli: Ricordi? Percorsi ragionati nelle strutture della lingua italiana, 2 vol., ISBN 88-7715-506-X et 88-7715-607-4, ed. Guerra.