Les trois artistes qui exposent actuellement à la galerie Nei Liicht et à la galerie Dominique Lang à Dudelange, travaillent sur un sujet commun : la planète terre. Leur approche a également un point de vue commun, à savoir la géographie, le paysage naturel. Mais c’est à partir de là que leurs visions s’individualisent.
Marco Signorini (né en 1962 à Florence, où il vit et travaille), présente exclusivement des photographies. Soit de sa région, la Toscane, ou des îles de Fuertaventura et Lanzarote. Deux régions donc, où les montagnes ont une forte présence, donnant à la nature une puissance où l’homme est, par comparaison, minuscule. C’est pourtant de l’être humain dont Signorini se sert pour donner l’échelle du paysage. Ce qui, en donnant au spectateur la « mesure » de la vision des choses, ramène l’immensité ou l’énormité de la nature à des proportions supportables. Car tout, dans l’élément naturel est puissance : couleurs, matières, formes.
On sent néanmoins qu’à travers la présence humaine quasi dérisoire dans des paysages grandioses, Signorini place en lui tout son amour et même son espoir à travers cette présence fragile. Rien de tout cela n’affleure dans le travail de Leonora Bisagno. Cette artiste, née à Zurich en 1977 et qui vit depuis récemment au grand-duché, s’intéresse elle aussi à la terre, mais de manière plus conceptuelle, quoique sensitive. Tous les éléments de la géographie terrestre deviennent chez elle en quelque sorte prétexte à réinventer un monde : réseaux, cartes, poussières et pigments, minéraux. Ainsi, un mur de la galerie, mangé par le salpêtre, devient prétexte à dessiner un territoire imaginaire. Des découpages dans un atlas donnent l’occasion à l’artiste de réinventer un autre savoir encyclopédique sur la planète.
Enfin, deux petits morceaux de lave, l’un prélevé sur une météorite, l’autre provenant d’un cratère, évoquent le mystère de la naissance de la planète terre. Un mystère, et plus précisément cette fois celui des profondeurs des entrailles de la terre, fascine également Claudia Passeri. De ses fréquents séjours en Italie dans la région de Perugia et du Monte Cucco, l’artiste, née en 1977, ramène à Luxembourg des vues de paysages de nos origines. Celles des grottes et des cratères méditerranéens qui ont participé à fonder les mythologies grecque et latine, où ont vécu leurs dieux. Ce monde de l’Antiquité qui forge encore aujourd’hui la culture du monde ouest-européen.