Il aura fallu un an d’enquête et trois semaines de négociations ardues entre Dexia, la Commission et les autorités françaises, belges et luxembourgeoises pour trouver une solution à la restructuration de la banque franco-belge. Le 5 février dans la soirée, les protagonistes se sont entendus sur un accord de principe, qui contraint la banque à réduire de 35 pour cent d’ici 2014, la taille de son bilan par rapport à 2008,qui passera de 650 à 430 milliards d’euros. Cette réduction s’inscrit dans la ligne des contraintes de restructuration imposées à d’autres banques comme ING ou Commerzbank afin de s’assurer qu’elles peuvent survivre sans de nouvelles aides publiques et réduire les distorsions de concurrence liées aux aides reçues. Avalisé par le conseil d’administration de Dexia, l’accord doit encore être formellement entériné par la nouvelle Commission qui a pris ses fonctions le 9 février.
Pour ce faire et en contrepartie des subventions reçues des États pour l’aider à surmonter la crise (sous forme d’injection de capital pour 6,4 milliards d’euros et de garanties pour 100 milliards), Dexia devra se séparer de plusieurs actifs. Ella a ainsi accepté de céder, d’ici octobre 2012, ses filiales italienne Crediop et slovaque Banka Slovensko, ainsi que ses activités d’assurance en Turquie et, d’ici décembre 2013, de prêts aux collectivités locales en Espagne par le bais de Sadabell. Le groupe devra par ailleurs se défaire de ses activités à Singapour ou encore en Russie pour se recentrer essentiellement sur le Benelux. La banque ne pourra plus recourir aux garanties des États dès fin juin au lieu de fin octobre. De plus, elle ne pourra faire aucune acquisition d’ici à la fin de 2011. Dexia doit en outre revoir son business model de manière à réorienter son refinancement vers des durées supérieures à un an, en faisant passer cette part de son bilan de 50 pour cent aujourd’hui à 90 d’ici à 2014. Si les sacrifices sont lourds, c’est un soulagement pour Pierre Mariani, l’administrateur délégué de Dexia, que la Commission ait jugé « crédible » le plan de restructuration et, de fait, la viabilité de la banque sans recours aux aides publiques dans l’avenir. « Cet accord met fin à une période d’incertitude extrêmement pénible pour les collaborateurs de la banque », s’est-il d’ailleurs félicité.
Pour le Belge Jean Luc Dehaene, président du conseil d’administration, « cet accord reconnaît que Dexia a déjà fait pas mal de chemin dans sa restructuration ». Car le groupe avait amorcé l’an dernier une nouvelle politique de désengagement qui l’a conduit à revoir son portefeuille obligataire, à stopper les activités de marché les plus risquées et à céder quelques actifs tels la filiale américaine FSA ainsi que des participations dans Crédit du Nord en France et KommunalKredit Austria en Autriche. La ministre française de l’Économie Christine Lagarde a adressé ses encouragements aux dirigeants et aux salariés de Dexia, dont la mobilisation autour de ce projet de redressement donnera au groupe de nouvelles pers-pectives de développement. Cet accord a également été salué par le marché : Dexia a connu le 8 février la plus forte hausse du CAC 40, son action ayant fait un bond de 7,6 pour cent.