Le député de l'ADR Jean Colombera aura été celui qui l'a dit tout haut. " Je parle ici comme simple généraliste " commença-t-il son intervention lors de l'interpellation du gouvernement au sujet du moratoire du plan hospitalier, pour se faire immédiatement rappeler à l'ordre par le président de la Chambre des députés Jean Spautz : " Sachez qu'ici, vous n'avez le droit de parler qu'en tant que député ". Néanmoins, l'épisode Colombera aura été d'une certaine symbolique pour l'obnubilation qui prévaut dans le débat autour du plan hospitalier. Chacun aura finalement plus ou moins rempli son rôle : le député-maire socialiste de Dude-lange, Mars di Bartolomeo, aura fustigé le moratoire, surtout en ce qui concerne la remise en question du site de Dudelange-
Frankelach pour l'implantation du Centre de rééducation. Le député chrétien-social Jean-Marie Halsdorff aura brillé lors de son acte d'équilibre entre la parole donnée aux socialistes concernant le site de Dudelange d'un côté et l'engagement de l'accord de coalition, prévoyant le moratoire, de l'autre. Pour rendre sa situation de rapporteur encore plus étriquée, le parlementaire Halsdorff est aussi maire de Pétange, commune du Sud qui revendique le Centre de réadaptation pour sa région. Et il appartient au parti qui soutient mordicus le projet de la clinique congréganiste au Kirchberg. Officiellement, le PCS n'a jusqu'ici pas eu connaissance d'éléments nouveaux pouvant remettre en cause l'un (Centre de rééducation à Dudelange) ou l'autre (clinique congréganiste) projet ; le moratoire est cependant jugé comme " une bonne initiative " puisqu'il permet d'intégrer de nouvelles données dans un concept déjà établi qui n'est autre que l'ancienne planification hospitalière frappée par le moratoire. Comprenne qui voudra. Quant aux libéraux, leurs intentions sont claires. Leur rapporteur, Niki Bettendorf, revendique la construction du Centre de réadaptation dans la région du Centre, et plus précisément à Hamm. L'intervention de Muck Huss des Déi Gréng, plaidant pour l'instauration d'un service de médecine environnementale avait dès lors, dans ce jeu de politique intéressée, quelque chose de folklorique, mais néanmoins personne ne contestait sa proposition.
L'interpellation a ainsi été pour du beurre, si ce n'est que le ministre Carlo Wagner, pas stressé pour trois sous par l'ambiance électrique, ait plus ou moins directement sonné le glas du site de Dudelange et égratigné le projet de la clinique congréganiste. Le vrai débat n'a de fait été mené que par Marco Schroell du parti libéral (bien que celui-ci ait trop poussé sur le rôle futur de " sa " clinique, le Centre hospitalier) dont l'intervention est reproduite à la page 11 et Jeannot Krecké, bien que le chef de file du groupe socialiste ait dû se contorsionner pour ne pas trahir ses amis politiques du Sud. Eux deux furent les seuls à poser la question fondamentale, c'est-à-dire comment établir un plan hospitalier efficace sans tenir compte des velléités locales, politiques ou encore économiques et financières. Que l'idée de faire entrer dans le débat les questions médicales où le bien du patient serait lui-aussi considéré ait apporté quelque chose, reste à voir. Une première amorce du futur plan hospitalier est annoncée pour la fin avril ; en attendant les fusions dans le secteur vont bon train. Après la fusion entre le CHL et la clinique d'Eich, à laquelle pourrait se joindre la clinique Ste Thérèse, les hôpitaux des villes d'Esch/Alzette et de Dudelange viennent de faire le même pas.