Avec sa dernière sortie pour 2009, le label Own Records retourne à un genre qu’il affectionne particulièrement : une musique ambiante faisant la part belle à l’apesanteur et l’introspection. En effet, ce Twig and Twine de The Green Kingdom, projet d’un seul homme, Michael Cottone qui officie aussi comme graphiste en design au Michigan, chasse sur des terres où l’électroacoustique trafiquée est un gibier de choix comme l’ont rapporté d’autres signatures du label (Bexar Bexar ou Squares on Both Sides, pour n’en citer que quelques-uns).
Ainsi les premières notes pincées de guitare d’Into the magic night renvoient à l’univers familier pour ceux qui suivent l’évolution et les choix parfois difficiles du label. Les premières mesures intriguent, mais n’arrivent pas à capter totalement l’attention. On a le sentiment d’assister au long et lent dégel printanier de la flore. Mais ce dégel ne reste qu’au stade des bonnes intentions et se retrouve, pour ainsi dire, figé dans la glace, une fois entamé. Malheureusement, ce constat est quasiment général pour cet album, tous les morceaux partant sur des bases délicates et aériennes, mais ne dépassent rarement le stade d’une belle introduction étirée.
La fiche promotionnelle indique que l’intérêt de Michael Cottone est de créer des compositions où la différence entre structure et texture n’est plus perceptible, le tout devenant un flou sensoriel. D’accord, vu sous cet angle, l’album est une réussite incontestable. Mais l’impression que Michael Cottone cherche à capturer des instants fragiles et à les étirer excessivement, comme pour en savourer indéfiniment la moelle comme autant de paradis perdus, persiste. L’auditeur averti n’arrive guère à trouver ce statisme aussi fascinant que des univers similaires autrement plus passionnants (voir certaines des autres références de Own Records, sinon Harold Budd, ou le Choral de Mountains) et l’ennui s’installe. On pense aussi aux deux premiers albums Mouse on Mars, voire Four Tet, tous les deux sous un jour fortement invertébré.
Seule l’intervention d’un Maplecopter parvient à nous tirer de cette torpeur. Pourtant, son entame anodine, des nappes de synthétiseur qui se chevauchent, avec un grésillement irrégulier s’insinuant dans les débats, aurait pu nous faire se retourner sur nos talons. Mais un délicat vibraphone, ainsi qu’un embryon de rythme font éclore ce morceau et nous montrent la direction autrement plus passionnante qu’aurait pu avoir Twig and Twine…