Le service de micro-blogging Twitter s’apprête, selon toute vraisemblance, à introduire la possibilité pour ses utilisateurs d’effectuer directement des achats depuis son interface. En d’autres mots, Twitter prévoit que d’ici quelque temps, un tweet puisse déboucher sun un acte d’achat. Recode, un magazine en ligne spécialisé en technologie, a déniché sur le site de Fancy, une entreprise d’e-commerce, des captures d’écran montrant de tels tweets, permettant d’acheter un agenda ou un mug en un clic, déclinés dans le contexte d’un programme baptisé Twitter Commerce. Twitter et Fancy n’ont fait aucun commentaire.
Jusqu’à présent, Twitter a eu beaucoup de mal à transformer en revenus la place enviable qu’il s’est taillé dans le cœur des internautes et dans l’écosystème des news et tendances instantanées sur le Net. Ses tentatives de générer un chiffre d’affaire significatif à l’aide de publicités insérées dans son service semblent se heurter à une incompatibilité fondamentale entre les attentes des utilisateurs de Twitter et celles des annonceurs. Les tweets promotionnels restent somme toute assez rares – comme si Twitter avait peur de braquer ses utilisateurs en en truffant son service. D’un autre côté, comme Twitter s’est lancé en bourse en septembre dernier, il est devenu plus urgent pour la plateforme de devenir rentable, ou du moins de prouver qu’elle a une chance de le devenir un jour. La situation serait-elle différente si, au lieu de viser les commissions infimes générées par la publicité en ligne, Twitter se tournait résolument vers l’e-commerce dont on imagine que les rémunérations sur transaction seraient bien plus substantielles ?
Recode a en tout cas découvert qu’en plus d’envisager un partenariat avec Fancy, et peut-être avec d’autres boutiques en ligne, Twitter se prépare à signer un accord avec Stripe, une entreprise qui se spécialise dans les services de paiement en ligne. Les utilisateurs de Twitter accepteront-ils de voir mêlés au fil alimenté par ceux qu’ils suivent les tweets de promotion de commerçants les engageant
à acquérir tel produit ou tel service directement depuis la plateforme de Twitter ? Sans doute certains utilisateurs suivent-ils déjà aujourd’hui des entreprises qui se servent de Twitter comme d’une plateforme de marketing. Dans ce cas, cette initiative reviendrait à ajouter à leurs tweets promotionnels un bouton d’achat. Mais pour tous les autres, le succès de l’opération reposerait sur le pari que les utilisateurs ne se sentent pas abusivement envahis par de tels tweets non sollicités et ne soient pas tentés de se détourner du service.
D’après les captures d’écran publiées par Recode, les produits proposés correspondraient à des achats effectués par des personnes suivies par l’utilisateur. Cela signifierait qu’au moins jusqu’à un certain point, la logique du « follow », qui est au cœur de la démarche de Twitter, serait respectée. Après avoir visualisé sur la plateforme Twitter le produit et sa description, l’utilisateur tenté serait invité à indiquer son adresse email, son adresse de livraison et son numéro de carte de crédit.
Fancy, le partenaire supposé de Twitter, semble s’adresser plutôt à une clientèle aisée, d’après son catalogue de produits et sa palette de services qui comprend la possibilité d’opter pour une livraison le jour-même, pour quelque 30 dollars. Ses pages sont souvent comparées à celles de Pinterest : davantage qu’un catalogue en ligne, Fancy se voit comme un hybride entre réseau social et plateforme d’e-commerce. Même si une partie des utilisateurs de Twitter ne jouent pas le jeu et préfèrent se tourner vers d’autres outils, la partie semble jouable pour le service de micro-blogging : après tout, si les produits et services proposés sont bien choisis, les internautes peuvent y trouver leur compte comme les utilisateurs de smartphones dans les boutiques d’applications d’Apple ou d’Android.