Didier Damiani, est habituellement le « patron » de la plateforme de vente et de location en ligne Art Work Circle. On peut y voir la production de peintres (comme ici à Neimënster), mais aussi d’illustrateurs et de graphistes ainsi que de photographes luxembourgeois ou vivant au Grand-Duché. Didier Damiani participe aussi avec un stand à l’Art Week ou, en collaboration avec la Ville de Luxembourg pour Art on the Street, il a présenté en octobre dernier, les artistes dans des commerces momentanément inoccupés, le temps du traditionnel week-end du Mantelsonndeg.
Cette fois, c’est Ainhoa Achutegui, directrice du Centre culturel et de rencontres Abbaye de Neumünster, qui a invité Didier Damiani comme commissaire dans l’enceinte du cloître Lucien Wercollier. Ils sont ainsi neuf peintres au total, dont 24 tableaux sont accrochés à chaque emplacement laissé libre entre deux clés de voûte. Sagement. Le jour de notre visite, un cocktail était en préparation, nous laissant supputer que si Armand Strainchamp et Patricia Lippert font partie de cette sélection de « la jeune création luxembourgeoise » (dixit le texte d’accompagnement de l’exposition), c’est sans doute en guise de locomotives de l’art luxembourgeois qui jusqu’à aujourd’hui, orne souvent salons privés et corridors d’entreprises.
New painting Luxembourg donc. Faisons le tour de l’éventail d’« une exposition de peintures luxembourgeoises ancrées dans le XXIe siècle », comme l’affirme encore le texte de présentation. Deux acryliques sur toile de Sarah Schleich, montrent des robots ménagers malaxant et pétrissant les lignes d’une nappe à carreaux. On les rangera dans la catégorie féministe et art figuratif. Suit une œuvre de Sarah Lieners, à coup sûr abstraite, comme la série qui suit, mais qui est, elle, d’une facture totalement différente (Beyond the surface).
On se demande de manière un peu déroutée, si une artiste peut indifféremment utiliser des stylistiques disparates au même moment temporel de son parcours, quand deux toiles de Frank Jons, qui sont de l’ordre du plaisant et du décoratif (coulures de peinture et éclats de couleur sur fond or) nous rassurent : l’une des deux s’intitule Keep on painting, pourquoi pas ? Suivent les toiles de Rom Lammar qui précèdent Alien exposure et Daphne, deux techniques mixtes récentes de Patricia Lippert.
Les toiles suivantes de Françoise Ley nous paraissent plus convaincantes et la rangée se termine par un Enrico Lunghi en costume de Superman, gardien de deux biquettes devant le Mudam par Dany Prum. On rit un peu... Mais en tournant la tête, quand on aborde le dernier côté du cloître, là, on se dit qu’est-ce qui fait œuvre ? Qu’est-ce qui fait la différence du travail de Chantal Maquet ? Les sujets ? La chromie ? L’expressivité ?
En regardant Die Entscheidung (un rêve onirique), Gelebte Utopie (un alignement de maisons individuelles), Zwei mit Cocker Spaniel, (deux garçons habillés à l’identique tenant en laisse trois chiens au pelage identique) et What you see is what you get (des personnages penchés sur des objets de la société de consommation, sur lesquels se penchent à leur tour, réunis autour d’une table, comme pour étudier un sujet de laboratoire, un groupe d’élèves et leur professeur), on se dit que oui, on peut peindre encore aujourd’hui, « ancré dans le XXIe siècle ».