Fidèle à sa tradition de faire découvrir chaque mois au public de nouvelles expériences chorégraphiques dans le cadre de son événement 3 du Trois, le Trois C-L présentait ce lundi trois nouvelles collaborations en plein processus de création qui seront à retrouver dans leur version finie en 2019. De belles retrouvailles avec certaines figures bien connues de la scène luxembourgeoise, le tout dans une ambiance conviviale et accompagné d’une exposition ad hoc du photographe Bohumil Kostohryz sur le corps en mouvement.
Cette dernière, articulée en deux cotés – l’un consacré à la danseuse de butoh Yuko Kominami, l’autre à divers performers dont la chevelure exulte dans le mouvement –, était mise en scène et en lumière de manière très pertinente pour l’occasion, servant astucieusement de trait d’union entre les différentes performances et phases de la soirée. Tout d’abord, le public a pu découvrir la réflexion enjouée du duo composé de la comédienne Larisa Faber et de la chorégraphe Simone Mousset sur les intersections possibles entre théâtre, littérature et danse. Toutes deux très à l’aise dans leur Dance and plays, les deux partenaires s’interrogent en mouvement sur l’émergence d’un discours commun entre ces différentes disciplines, jusqu’à trouver un terrain commun potentiel, sur scène à ce moment précis mais aussi et surtout de manière plus générale et pérenne...
Venait ensuite le tour de Sandy Flinto et Pierrick Grobéty qui présentaient un projet de recherche initié déjà en 2017 avec le danseur-chorégraphe Stefano Spinelli. Ce dernier, grimé en Donald Trump étrange grâce à un masque grotesque et une tenue loufoque pour le personnage, s’adonne à une session de danse effrénée, souvent arythmique, parfois emprunte des accents saccadés de krump de South LA ou de mouvements plus fluides ; jouant également de codes très premier degré comme la funestement célèbre veste « I don’t care » de Melania et ajoutant ainsi à la thématique absurde assumée par Flinto et Groberty. La première de Vanitas. Live fast, never digest, dont l’extrait présenté au 3 du Trois est inspiré mais aussi annoncé comme fondamentalement différent, aura lieu en mars prochain à la Kulturfabrik et incorporera un scénographe, un tatoueur, un acteur, des chanteurs et des musiciens. Enfin, c’est le duo très complémentaire Elisabeth Schilling-Mélanie Planchard qui proposait le projet le plus interactif de l’événement avec TextureBodyTexture, un travail combinant un mouvement très organique de la première à une réflexion poussée sur les matériaux de la seconde, le tout traduit sur scène en une osmose particulièrement naturelle. Ainsi, Schilling reproduisait la même séquence chorégraphique enrobée dans cinq matériaux différents – ouate, couverture de survie, papier ou encore « bête de feutre », invitant le spectateur à observer les réactions des différentes matières soumises à une même contrainte physique, la performance étant de plus complétée par une exposition jouant justement avec les sens et les matériaux. La première – à ne pas louper – de cet ambitieux TextureBodyTexture aura lieu le 18 avril 2019 au Cercle Cité.