« Wind of Change »

d'Lëtzebuerger Land du 04.07.2025

Le gouvernement voulait une Inspection du travail et des mines (ITM) plus business friendly, il a eu gain de cause. Le directeur de l’ITM, Marco Boly, hisse le drapeau blanc. « Elo ass d’Zäit fir de Wind of Change », assure-t-il, ce lundi lors d’une conférence de presse organisée (pour cause de canicule) dans les caves du siège de l’ITM à Strassen. À ses côtés, le ministre de tutelle, Georges Mischo (CSV), qui réitère son souhait d’une ITM « coulante, jusqu’à un certain point ». Elle ne devrait pas immédiatement jouer « à la police », mais se montrer plus « compréhensive » (notamment vis-à-vis des PME « sans RH ni avocats »), en mettant « la prévention » au centre de ses préoccupations.

Marco Boly s’est aligné sur ces nouveaux mots d’ordre ministériels. Le rapport annuel 2024 de l’ITM est préfacé d’un « mot du directeur » qui insiste lourdement sur la « culture de la prévention » et sur « la proximité avec le terrain », dans un souci de « sensibiliser, informer et accompagner ». Avant de sanctionner on ferait « alles Méigleches » pour que l’entreprise puisse se régulariser, promet Marco Boly. « La punition ne fait en soi plus de sens », voilà la « réalisation » à laquelle on serait arrivé en interne. « Nach méi Betriber bestrofen, dat ass wéi wann d’Schüler alleguerte géifen eng Datz schreiwen. » Ce serait dès lors à l’instituteur de se remettre en question. Marco Boly se montrait beaucoup plus combatif, il y a six mois encore. « Notre réussite est retournée contre nous », s’indignait-il alors sur RTL-Radio. Il venait de vivre une violente campagne de l’Horesca (relayée par le Wort), l’organisation des restaurateurs et cafetiers allant jusqu’à accuser l’ITM « mobbing ». Le ministre se rangeait démonstrativement derrière l’organisation patronale. Dévoilées cette semaine, les chiffres 2024 montrent une augmentation spectaculaire des contrôles dans l’horeca, passant en une année de 363 à 592. (En 2023, ils ont débouché sur 93 amendes pour « travail illégal », qui s’élèvent à 10 000 euros par salarié sans autorisation de travail.)

Marco Boly était passé à la contre-offensive l’hiver dernier. En février, il déclarait sur Radio 100,7 « pouvoir s’imaginer » que l’ITM passe sous la tutelle de la Chambre des députés. Ce serait « un modèle dont on pourrait tout à fait discuter », puisqu’il pourrait garantir une « indépendance globale ». Aujourd’hui, Marco Boly dit avoir été mal compris : Et d’assurer qu’entre lui et le ministre, il n’y aurait pas « l’épaisseur d’un papier à cigarettes ».

Bernard Thomas
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