Sur le terrain, ce sont d’implacables guerrières sur patins aux alias les plus décalés qui se battent bec en avant et ongles cassés pour donner le point à leur équipe. Elles se nomment « Soeur Sourire », « Carpet Diem » ou encore « Lady Nasty » et se rassemblent deux fois par semaine au sous-sol d’un parking de centre commercial, presque clandestinement, pour parfaire leur technique de jeune équipe presque nationale. Elles, ce sont les Grandes Duchesses, la seule équipe made in Luxembourg de roller derby, qui affrontera ce dimanche les Françaises d’Épinal lors d’un grand événement festif à la Rockhal.
Le roller derby, en – très – simple, ce sont deux équipes qui envoient chacune sur la piste une jammeuse et quatre bloqueuses, le rôle de ces dernières étant d’empêcher le passage de la jammeuse adverse tout en facilitant celui de la leur. Tous les coups ne sont pas permis, mais il faut s’attendre à du grabuge, à de la bousculade coude à coude et à de la chute ! Celle qui est responsable de l’observation globale et qui décide de l’ordre d’envoi est la « Line up », fonction récemment prise par Emilie à Luxembourg. La complexité des règles ensuite, dont les quelque 80 pages évoluent de plus chaque année, laisse souvent le spectateur novice quelque peu pantois devant des scores comme 435 à 221, mais il n’est pas vraiment besoin de saisir toute la subtilité de ce sport pour apprécier la ferveur des « derby girls » et l’ambiance survoltée des matches...
Pour rencontrer à Luxembourg ces patineuses sans peur et sans reproche, c’est donc au second sous-sol du Park House Belle-Etoile qu’il faut se rendre... Ascenseur bruyant, lumière crue et humidité, on est ici plus proche du Fight club de Fincher que d’une salle de la Coque. En effet, l’équipe étant encore jeune et n’appartenant à aucune fédération majeure, les demandes d’entrainement en salle n’ont pour l’instant donné lieu qu’à des refus : « Le patin à roulettes est assimilé à l’extérieur, on trouve souvent porte close » déclare Romane, une des bloqueuses. Toutes jeunes stars au firmament du roller derby européen, les Grandes Duchesses ne comptent en effet que deux années de compétition suite à deux années de constitution et d’entrainement. Formée en 2013 par Françoise – l’actuelle présidente du club – à son retour de Dublin, où la discipline connait un véritable succès depuis des années, l’équipe luxembourgeoise est constituée de joueuses venant non seulement du Grand-Duché, mais également de toute la Grande Région. Loren, jammeuse, s’en enthousiasme clairement : « On apprécie beaucoup le fait d’être assez représentatives du Luxembourg, avec plein de nationalités et de langues différentes présentes dans l’équipe. Notre melting pot, c’est celui du pays pour lequel on rentre sur la piste ! ».
Toutefois, si le roller derby est avant tout un sport de compétition doté d’un Championnat du monde et d’Europe, il fait la part belle à l’ouverture d’esprit, à la convivialité et à la fête. Ainsi, beaucoup d’aficionados de la discipline sont arrivés dans la grande famille du derby par ce coté décalé et festif et y sont restés pour la performance, même si « certains membres très attirés par les places en équipes nationales officielles se prennent parfois un peu trop la tête », déplore Loren. Mais cela semble largement compensé par l’esprit de famille et d’entraide entre les différentes équipes qui règne au sein de ce milieu sportif pas comme les autres et qui plaît beaucoup aux Grandes Duchesses, souvent adversaires sur le terrain tout autant qu’amies dès les patins raccrochés : « Cela fait un peu partie du show, cette agressivité mutuelle lors du match mais en dehors, on rencontre beaucoup de personnes très attachantes, les uns et les autres sont accueillis par les membres locaux, on a une vraie cohésion de famille ! ».
Enfin, il n’y a pas que sur la piste que les demoiselles se déchaînent, l’emploi du temps des Grandes
Duchesses pour les prochaines semaines est également bien rempli ! Il y a naturellement cet événement très attendu à la Rockhal ce week-end, avec une partie compétition mais aussi une soirée à partir de 18 heures au Coppers tout proche – et ce ne seront pas moins que quatre DJs, à savoir Isaac d’Augny, Ralitt, The Brunettes et Julien Lion, qui vont se succéder pour électriser l’ambiance tout au long de ces deux parties de la journée ; mais il y aura aussi une soirée de recrutement le 3 mai prochain au Park House Belle-Étoile à partir de 20 heures, toujours dans le but de faire connaître encore plus le roller derby à Luxembourg : « Il est important de savoir que notre sport est ouvert à toutes et à tous... Si jamais on a quinze mecs qui viennent nous voir super enthousiastes, alors on fera aussi une équipe hommes à Luxembourg ! Et notre objectif à court terme principal reste de devenir assez solides pour obtenir une salle... ». De quoi motiver les troupes ! S’il reste encore des questions, ces demoiselles se feront un plaisir d’y répondre dimanche après le match...