Les avez-vous déjà peints ? Évidés puis teints ? Si ce n’est pas encore fait, il est temps de s’y atteler, car dès ce dimanche, les œufs seront cachés dans les bosquets, fièrement plantés dans leurs coquetiers ou entreposés dans de jolis paniers… Bref, il sera impossible de passer à côté ! Du simple œuf dur coloré aux plus prestigieux œufs de Fabergé, l’œuf de Pâques reste une tradition incontournable dans le monde entier. Mais « Pourquoi l’œuf ? » nous sommes-nous demandés. L’occasion de vous offrir une petite leçon de rappel quant à l’origine des symboles et traditions de Pâques…
Rappelons donc aux victimes du marketing et des gourmandises chocolatées que Pâques est avant tout une fête religieuse, précédée d’une période de Carême de 40 jours. Il faut savoir que jusqu’au XVIIe siècle, l’Église interdisait de consommer des œufs durant ce jeûne. Ceux-ci étaient alors conservés après cuisson et décorés pour être offerts le jour de Pâques, d’où la tradition actuelle. Reste que bien avant déjà, chez les Égyptiens et les Perses, l’œuf faisait office d’offrande du temps des rites païens, incarnant à lui tout seul le printemps, saison de l’éclosion de la nature et de la promesse de la vie… À la Renaissance, question de chic, on se met à décliner les œufs de poules en œufs de luxe, ornés de pierres précieuses et de métaux nobles… Ainsi, le roi Louis XIV fait de l’œuf décoré de Pâques une institution : le plus gros œuf pondu en son royaume durant la Semaine Sainte devait lui être offert et lui-même, le jour de Pâques, distribuait en personne des œufs peints à la feuille d’or à sa Cour. Ce n’est qu’au XIXe siècle, lorsque le cacao devint plus accessible, que les chocolatiers commencèrent à confectionner des œufs en chocolat comme on en consomme encore aujourd’hui.
Pour certains, notamment dans nos contrées, c’est le lapin de Pâques, notre Ouschterhues luxembourgeois, animal printanier lui aussi synonyme de renouveau et de fertilité, qui apporte ces fameux œufs aux enfants. Une tradition tout droit venue du Osterhase d’Allemagne qui varie néanmoins selon les pays et les régions. Si aux États-Unis et en Alsace, c’est un lièvre qui se charge d’apporter les victuailles, en Thuringe, on évoque la cigogne, en Westphalie, le renard, en Suisse, le coucou tandis que pour d’autres, ce sont tout simplement les cloches qui jonchent nos jardins d’œufs ! Explication peu vraisemblable certes, mais bien plus logique si l’on en croit la religion catholique : après le Jeudi Saint et jusqu’au jour de Pâques, les cloches des églises ne sonnent plus, histoire de marquer le deuil de Jésus – elles sont remplacées par les traditionnelles crécelles – Klibber au Luxembourg. On dit alors « que les cloches partent à Rome » en pèlerinage, et qu’à leur retour – pour marquer la célébration de la résurrection du Christ – elles répandent plein de gourmandises sur leur passage... d’où la fameuse chasse aux œufs à laquelle l’on s’adonne, panier sous le bras, chaque matin de Pâques. Une fois ces derniers récupérés, il est d’ailleurs coutume au Luxembourg de jouer au Técken, une sorte de bataille d’œufs qui consiste à frapper son œuf contre celui de son adversaire, l’œuf intact étant désigné gagnant.
L’heure vient alors de rompre le Carême en fêtant Pâques autour d’une table bien garnie, avec par exemple, pour petit-déjeuner ou en guise en goûter, une jolie brioche de Pâques décorée de son œuf dur, dont vous trouverez la recette ci-dessous. L’occasion à coup sûr pour votre grand-oncle de s’interroger, l’œil goguenard comme chaque année, sur qui de l’œuf ou de la poule est arrivé le premier… Histoire de mettre fin à son annuelle rengaine, vous lui expliquerez que les premiers œufs ont existé avant les gallinacées, que l’oiseau en général est donc apparu après l’œuf et qu’en réalité, les poules ne sont pas issues d’œufs de poule, mais d’un autre animal… Une sorte de presque-poulet qui a, un jour, pondu un œuf, qui contenait, suite à des mutations génétiques, une poule telle qu’on la connaît… Rien que ça oui. De quoi le laisser bouche bée, peler son œuf et admirer votre perspicacité.
Brioche de Pâques
Ingrédients (pour une grande brioche)
250 grammes de farine
25 grammes de sucre
150 grammes d’œufs
5 grammes de sel
10 grammes de levure fraiche de boulanger
100 grammes de beurre mou
un œuf battu pour la dorure
sucre perlé
œufs crus
Et maintenant ? Placez dans la cuve de votre robot la farine, le sucre, le sel et la levure émiettée. Mélangez le tout au crochet à vitesse lente durant deux minutes. Ajoutez ensuite les œufs et mélangez à vitesse moyenne durant huit à dix minutes.
Votre pâte doit doucement se décoller des rebords. Ajoutez alors le beurre mou en morceaux et pétrissez le tout au crochet sur vitesse rapide durant dix minutes. Votre pâte est bonne lorsqu’elle se détache de la cuve et que vous pouvez la prendre facilement en main.
Placez votre pâte dans un saladier fariné et laissez lever une heure au chaud. Dégazez ensuite la pâte en la pliant sur elle-même puis placez-la au frigo en la filmant au contact pendant deux heures.
Sortez la pâte du frigo, dégagez à nouveau puis façonnez vos brioches. Laissez lever pendant trente minutes à une heure près d’un radiateur puis dorez à l’aide d’un pinceau imbibé de jaune d’œuf battu.
Garnissez de sucre perlé et placez au centre de la brioche un œuf cru. Enfournez pour 15-20 minutes à 180°C dans un four préalablement préchauffé.