Penser que les artistes attendent l’inspiration, c’est, de nos jours, enfoncer une porte ouverte. Pourtant, le titre de l’exposition actuelle aux deux galeries d’art de la ville de Dudelange s’intitule Hard Work et ouvre des entrées multiples. Danielle Igniti et Jacques Cerami ont choisi, pour convaincre les plus réticents, de montrer aux deux galeries de la Ville de Dudelange, que le travail d’artiste demande (parfois) de suer sang et eau.
Michaël Matthys, dans cette exposition collective, en donne la preuve littérale. Ses peintures sont réalisées avec son propre sang. Pour ce natif de Charleroi, il est associé à ce qui fit vivre la région pendant des décennies : le charbon. Enfin, ses puissantes représentations picturales (ainsi d’un couple attablé, on ne sait trop dans quelle attente) s’appellent Déjà mort. Allusion à l’ennui qui semble terrasser ses personnages ou à la trace que laisseront ses œuvres après sa disparition à lui ? Va savoir…
Plus littérale est la grande photo de Vincen Beeckmann qui accueille le visiteur à la gare de Dudelange. Il portraiture là trois générations d’une famille de boulangers. Ces hommes se mettent à l’ouvrage tous les jours tôt le matin pour le pain quotidien des Napolitains. On retrouvera le même artiste avec une série de photographies à la galerie Nei Liicht, prises à l’asile La Devinière. Si rêver c’est aussi travailler, tout comme se bercer sur une balançoire, la Suissesse Iris Hutegger elle, travaille directement sur le motif des prises de vue de son pays natal. C’est un délicat éloge à la lenteur – les montagnes et vallons parcourus sont piqués à la machine et colorisés après les marches de la plasticienne.
Même si le travail sur soi-même et la rébellion sont des thèmes rebattus et qui collent aussi bien à la représentation de l’artiste que l’inspiration, on pourra aimer ici le délicat travail de Rita Puig-Serra Costa sur elle-même via différentes situations photographiées dans la série Where Mimosa bloom. Le Belge Ronny Delrue est plus radical que la jeune Catalane dans Mémoire revisitée, un portrait en noir et blanc tatoué au « T » majuscule d’une machine à écrire sans doute rageuse ou encore dans une photo d’ancêtre, au visage rendu anonyme à coups de peinture et constellée de trous que l’on devine de chevrotine.
Du Néerlandais Floris Hovers, on retiendra enfin – parmi d’autres pièces exposées dont un magnifique vase en pièces de moteur de voiture – la ville recyclée : un exemple de travail positif pour les futures générations !