Les entreprises pressent le gouvernement d’agir pour capitaliser sur l’effort de défense

Powering Business

d'Lëtzebuerger Land du 02.05.2025

L’argent abonde vers l’industrie de la défense. Selon le plan « ReArm » de la Commission européenne, 800 milliards d’euros sont mis au pot pour assurer l’autonomie stratégique du Vieux Continent. Il serait de bon ton d’en capter une partie, pense la Chambre de commerce dont le slogan est « powering business ». « Chaque euro investi dans la défense et la sécurité du pays doit être un levier de croissance, de compétitivité et d’innovation pour le Luxembourg », a fait valoir son directeur Carlo Thelen devant la presse lundi, rue Érasme. Le groupe de travail ad hoc de l’organisation patronale a présenté son rapport Lux4Defence : une série de dix recommandations à l’attention du gouvernement pour développer une base industrielle et technologique. Le groupe présidé par Philippe Glaesener (Senior VP Sales Global Government chez SES) les a déjà détaillées fin mars au Premier ministre, Luc Frieden (CSV), et « aux ministres de tutelle ». « L’état des lieux est sans appel : le Luxembourg part avec un déficit d’expérience industrielle et commerciale dans le domaine de la défense », introduit la Chambre de commerce.

Mais il y aurait un potentiel : D’abord tirer profit du centre financier pour aiguiller les capitaux européens, où qu’ils aillent. Puis, pour les faire fructifier au Grand-Duché, il y aurait déjà 110 entreprises prêtes à agir en matière de sécurité. Luxinnovation en a identifié 90 en août dernier, juste avant que le groupe de travail ne se mette en place. Une vingtaine d’autres se seraient manifestées entretemps. Dans la cinquantaine de pages que compte le rapport Lux4Defence figurent des recommandations pour les fédérer, notamment via la création (imminente) d’un lobby propre, avec l’Association nationale des entreprises de la défense (Aned). Apparaissent aussi des mesures de « stimulation » de la recherche et développement. Le groupe de travail préconise que le gouvernement crée un hub de la défense, un lieu physique et ultra sécurisé où les entreprises développent leurs produits. « C’est le b.a.-ba », avance Philippe Glaesener. Selon les informations du Land, le Freeport, en bordure d’aéroport, est une piste envisagée. De même que des locaux du List à Belvaux. Le groupe de travail souligne l’urgence. « Ce qui est le plus important c’est que nous sommes pressés : tous ces budgets seront affectés durant les prochains douze mois », insiste Philippe Glaesener.

Parmi les réflexions pour « soutenir la commercialisation » apparaît la nécessité de « lever les restrictions légales au développement d’une industrie de défense ». L’organisation patronale vise la loi sur les armes de 2022. « Certaines entreprises craignent de s’installer au Luxembourg parce que la loi ne cadre pas assez bien les besoins de notre pays », affirme Philippe Glaesener. La loi interdit, l’importation, la fabrication ou encore l’exportation d’armes et munitions sans définir d’exceptions suffisamment claires, selon Lux4Defence. Le groupe de travail demande l’établissement d’un régime d’exception encadré et une procédure d’autorisation simplifiée. Est aussi proposé de revoir les exigences en matière d’habilitation. En somme, éviter tout gold-plating pouvant potentiellement ralentir l’installation d’une entreprise. Encore une fois, il faut aller vite. Il faudrait déposer des projets de loi avant l’été, lit-on en fin de rapport.

Pierre Sorlut
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