Le week-end du 22 avril le Grand Théâtre de la Ville était en effervescence. L’activité n’était pas tant sur la scène du bâtiment récemment rénové, mais dans la cours et le grand hall du premier étage. Delux Productions avait investit les lieux pour sa nouvelle production, Flawless. Pour la deuxième fois après The Merchant of Venice, Michael Radford collabore avec le producteur luxembourgeois et amène une fois de plus un casting de stars avec Michael Caine, Demi Moore et Lambert Wilson. Le film jouant dans le Londres des années 1960, raconte l’histoire d’un concierge et d’une jeune cadre qui décident d’alléger leur entreprise la London Diamond Corporation (Lon Di) de quelques pierres précieuses. Le contexte socio-économique de l’époque avec un marché des diamants africain monopolisé et des revendications de plus en plus intenses de la part de ouvriers exploités, donne un fond critique à ce scénario de heist movie classique. L’emprise de l’argent sur l’existence humaine tant présent dans son film précédent que dans celui-ci est un thème important aux yeux du réalisateur. Interrogé à ce sujet, il fait l’état des lieux de son propre métier : « Il devient de plus en plus dur de financer un film. (…) On est forcément contraint de faire des films plus commerciaux. J’ai constamment une dizaine de projets en attente en espérant qu’un d’eux se fasse. » Radford, jadis nominé aux Oscars pour Il Postino, avoue que ce sont les avantages fiscaux qui l’on reconduit au Luxembourg. Ces derniers expliquent aussi pourquoi on tourne durant sept semaines au Grand-Duché et une seule à Londres, alors que le scénario est situé dans la capitale britannique. Comment faire ressembler alors Luxembourg à Londres? La production designer Sophie Becher, qui avait déjà donné son look au remake d’Alfie en 2004, avoue au Land que le pari n’est pas facile : « Le Londres des années 1960, avec ses vieux bâtiments victoriens, était beaucoup plus crade qu’on ne l’imagine. Rien à voir avec l’image des swinging sixties tant répandue. Je n’ai pas pu trouver cet environnement au Luxembourg, mais on a découvert des lieux plus proche du Londres des années 1950. On a donc décidé de se tenir plutôt à ces endroits. » Pour le Grand Théâtre, ce problème ne se pose pas. Même après sa réouverture, il a préservé l’optique de sa période de naissance aux milieu des années 1960, correspondant aux besoins du film. Le chef-opérateur Richard Greatrex (Shakespeare in Love, 1998) cherche pourtant à recréer l’époque sans tomber dans l’imitation : « Pour les cadrages on s’inspire des années 1960 où l’on filmait plutôt des plans d’ensemble bien composés, que des vues rapprochées bougeant nerveusement. Évidemment, on retrouve les couleurs fortes de l’époque, mais on les atténuera dans la post- production afin d’éviter le pastiche. » Sortir du stéréotype, c’est aussi une des raisons principales pour Lambert Wilson d’avoir accepté ce rôle. Contrairement à Michael Caine et Demi Moore qui n’accordent pas d’interview, la presse luxembourgeoise jouant finalement un rôle si minime dans la promotion internationale d’un film, l’acteur français nous accorde quelques instants avant d’entamer sa journée de tournage. Incarnant un détective enquêtant sur l’affaire, il se dit content d’être débarrassé pour une fois du rôle de frenchie de service pour jouer un Anglais parmi les Anglais. Par rapport aux grosses productions américaines auxquelles il a participé, il préfère le contact humain plus valorisé sur un « petit » tournage, mais regrette un peu le trop peu de temps en vue d’un budget plus serré. Reste à espérer que Flawless, mise à part les gros noms attachés, se fera remarquer pour ses qualités cinématographiques.