Un mari (Daniel Plier), une petite fille (Emma Balthazar) et une maison. A priori, la vie d’Emma (Julie Durand) contient tous les éléments nécessaires du bonheur familial modele. Mais ses pensés sont ailleurs. Une belle femme asiatique lui envoie des mots d’amour et lui fait découvrir l’art de la parfumerie.
Senteurs, qui a été présenté le jeudi 10 avril au cinéma Utopolis, est le premier court-métrage professionnel de Laura Schroeder, élève de la National Film and Television School à Londres. La jeune réalisatrice y oppose vie quotidienne rodée et passion amoureuse secrète. Des plans bien cadrés et parlants signés Glen Warrillow s’enchaînent calmement pour nous montrer les gestes quasi mécaniques qui caractérisent les rituels journaliers d’Emma. Préparer à manger, laver le linge, nettoyer les vitres. Mais lorsqu’elle voit son reflet dans une de ces dernières, elle se contemple et s’interroge. Quel est son vrai visage, sa véritable identité ? Plus tard dans la journée, elle part sur un coup de tête pour retrouver Ryoko (Marisa Commandeur), sa bien aimée. Mais une vie ne s’abandonne pas si facilement pour une autre et c’est ainsi qu’on retrouve Emma bientôt dans sa maison, le regard toujours dirigé vers l’extérieur.
Après Govinda van Maele et son court-métrage Josh (2007), le réalisateur et producteur Pol Cruchten (Perl oder Pica, 2006) donne une chance à un autre jeune talent luxembourgeois à travers sa société de production Red Lion. Ce n’est pas étonnant donc que Laura Schroeder, lui adressa les plus grands remerciements. Ensuite elle précisait que c’était justement son producteur qui l’a encouragé à finalement réaliser ce projet qu’elle avait réécrit à plusieurs reprises aux cours de son séjour d’études à Paris. En effet, le spectateur ressent que Senteurs, qui évoque la difficulté des choix déterminants pour une vie, est un de ces scénarios très personnels que les jeunes réalisateurs hésitent souvent à exposer. Et pourtant, les questions essentielles de Senteurs et la manière dont elles sont posées n’ont rien de naïf.
Évitant le piège d’un premier film qui consiste à vouloir en faire trop d’un coup, Senteurs est une réalisation maîtrisée et homogène qui reste fidèle à son propre style de narration. Si un éclairage plus osé aurait pu contribuer à une ambiance plus dense et que la fin très ouverte reste discutable, ce court-métrage nous met au parfum d’une réalisatrice talentueuse qui sait porter la psychologie de ses personnages à l’écran.