Mercredi dernier, la société Red Lion avait invité à l’avant-première du court métrage Josh, réalisé par Govinda Van Maele. En avant-programme les organisateurs de la soirée proposaient d’abord de redécouvrir un autre court-métrage, Mords Alibi, que la jeune cinéaste Paxi Picco avait réalisé comme projet de fin d’étude à la Filmakademie Esslingen en Allemagne. Un petit caïd (Luc Feit) y projette de tuer le juge qui l’a déjà condamné à plusieurs reprises. Un ami cafetier est censé lui fournir l’alibi parfait. Mais le plan tourne mal et l’histoire se termine sur une note sarcastique. Peu convainquant au niveau visuel, ce film profite avant tout de l’expérience de ses deux acteurs principaux Luc Feit et Fernand Fo, dont le jeu souligne habilement l’ironie de l’histoire. Ensuite c’était donc au tour de Josh, dont le synopsis s’annonce comme un mélange de drame et d’étude de milieu. Misch (Philippe Decker) vit dans un village luxembourgeois près de la frontière allemande. En journée, il gagne sa vie en coupant de la viande dans une usine. Le soir, sa copine Josiane (Vanessa Meyer) l’attend. Mais Misch ne l’aime plus. Il n’a pas le courage de le lui dire. Le reste de son entourage ne l’inspire guère non plus. La plupart de ses soi-disant amis passent leur temps libre à fêter jusqu’aux limites physiques. Les discours qu’ils tiennent ne font pas preuve d’une grande intelligence et manifestent des convictions d’extrême-droite. Ils se déclarent « uniquement racistes contre les Yougoslaves » et n’en veulent pas dans leur voisinage. Josh (Yan Gillen), le meilleur ami de Misch, a perdu ses parents dans un accident et se retrouve depuis tout seul dans une grande maison sans copine, ni attaches familiales. Un soir, il avoue a Misch son plan de quitter le village pour de bon, afin de commencer une nouvelle vie avec l’héritage de ses parents. Lorsqu’il demande à Misch de l’accompagner, ce dernier évite une réponse immédiate. Le soir, Josh accueille tout le monde pour une soirée bien arrosée. Son ancienne vie n’a plus d’importance pour lui. Il encourage même ses amis à brûler les meubles de ses parents. Au petit matin, lorsque Misch se réveille parmi les fêtards, Josh est parti, le laissant seul avec une décision à prendre. Mettant en scène des acteurs amateurs, à l’exception de Yan Gillen, le réalisateur ne cherche non seulement à rester dans son budget, mais à rendre aussi une image plus réaliste de ses souvenirs de jeunesse. Le pari est réussi. La maladresse de certains acteurs rend d’autant plus crédible l’attitude de leurs personnages. Ici l’étude d’un milieu social luxembourgeois ne vire pas à la caricature vulgaire. Sans tomber dans des discours didactiques, le film trace des portraits intimistes à l’aide de quelques images expressives, signées Carlo Thiel. Le point culminant visuel du court-métrage est une longue séquence qui fait le tour des personnages à la manière des films chorals. À 24 ans, le cinéaste d’origine belgo-sri lankaise, qui a su acquérir quelques expériences en tant qu’assistant réalisateur, prouve ses talents de mise en scène par la maîtrise d’un certain langage visuel et sa capacité de gérer les contraintes temporelles imposées par le format du court-métrage. Son producteur Pol Cruchten, qui lui avait déjà confié le making of de Perl oder Pica (2006) après avoir vu son court-métrage Die Schläfer tourné au format Super8, restera sans doute derrière ce jeune talent pour de futurs projets.