Sur son premier disque, Carisa Dias explore l’amour et la spiritualité

Saudade

d'Lëtzebuerger Land vom 07.03.2025

Carisa Dias vient de faire paraître son premier album en autoproduction, le bien nommé Carisa, tant il est à l’image de son autrice. Un projet de dix titres aux sonorités métissées, entre morna, afrobeat, bossa-nova, pop et soul, où se succèdent des chansons solaires en portugais, créole capverdien, anglais et français. Ce premier opus, imparfait mais prometteur, commence à faire parler de lui. Ses deux premiers singles, Sintonia et There for You, ont d’ailleurs trouvé un certain écho fin 2024. Il est probable que le lectorat de ce journal ait déjà entendu ou entendra très prochainement sa musique à la radio, à la télévision ou sur scène. C’est que la chanteuse, qui développe sa carrière artistique depuis quelques années, s’est donnée les moyens de ses ambitions. Retour sur ce concentré de musiques latines et d’ailleurs, et rencontre avec l’artiste qui en est à l’origine.

Carisa Dias est née à Lisbonne de parents capverdiens et a grandi au Luxembourg. C’est d’ailleurs dans la capitale portugaise que se tiendra ce soir (vendredi 7 mars) la release party de son projet, et c’est aussi là qu’il a vu le jour. Enregistré lors de plusieurs sessions entre septembre 2023 et janvier 2024, cet album éponyme est le fruit d’une collaboration avec le producteur exécutif Mesaro Soares, qui a joué un rôle clé dans sa concrétisation. Si certains titres très synthétiques, inspirés de la modern Latin music, peuvent diviser, d’autres, plus organiques, privilégiant guitares sèches et voix nue, font mouche.

Carisa s’articule autour de trois thématiques universelles : l’amour, la spiritualité et la détermination. Sur le premier sujet, sans doute le plus vaste, la chanteuse explore les relations amoureuses et amicales sous un angle de conte de fée sans pour autant tomber dans la mièvrerie. Imaginá, Revolução Sentimental et Sintonia, bien que différents dans leurs styles, s’inscrivent dans cette vision. L’amour qui ressort de l’album, c’est aussi celui qu’elle porte à son père, Amadeu Dias, à l’origine de ses penchants musicaux. La chanson Amor Amor a d’ailleurs été composée par ce dernier en 1982. Cette balade douce et entraînante n’avait encore jamais été enregistrée. Un père voit ainsi son rêve se réaliser à travers sa fille.

La spiritualité, ou plus largement l’espoir, est le deuxième fil rouge du projet. Le morceau Luz D’Un Menino est particulièrement imprégné de cette dimension spirituelle. Il a pour origine un épisode tragique dans la vie de l’artiste, la disparition de son frère, suivie de la naissance de son neveu. Un concentré d’ombre et de lumière, une histoire d’espoir incarnée par le sourire d’un enfant. Cette notion d’espoir rejoint d’ailleurs le troisième grand thème, celui de « l’empowerment ». Never Be The Same et Showtime illustrent cet état d’esprit, d’autant qu’ils ont été initialement composés pour un appel à candidature à la représentation du Luxembourg à l’Eurovision. Finalement, Carisa Dias a choisi de ne pas soumettre ses titres, mais elle reste ouverte à l’idée de tenter sa chance un jour. L’important étant de « croire en quelque chose, en quelqu’un, et idéalement en soi-même ».

D’une certaine manière, ces morceaux célèbrent aussi l’entreprenariat sous toutes ses formes. Et de fait, Carisa Dias porte aussi une casquette d’entrepreneuse. Elle a notamment tenté il y a quelques années de lancer un projet d’envergure social dans le domaine de l’esthétique. « J’ai fait beaucoup de choses. Tous ces projets entrepreneuriaux ont permis de me former et de pouvoir entreprendre aujourd’hui dans mon propre projet. J’ai appris à saisir les opportunités et je n’ai pas peur d’investir ».

On retient enfin la conclusion There for You, un titre rythmé qui aborde en sous-texte la lutte contre les violences domestiques faites aux femmes. Une chanson inspirée de drames auxquels elle a été confrontée dans sa vie professionnelle. Elle travaille depuis une quinzaine d’années dans le domaine du social et trouve dans la musique un moyen d’évasion. Adepte de l’ikigai, elle a su trouver un équilibre entre une carrière exigeante, sa vie de famille et son art. Cet album en est aussi le reflet.

Kévin Kroczek
© 2025 d’Lëtzebuerger Land