Philippe Blasband est fasciné par le Mal. « Quel est le visage humain du Mal ?, » s'interroge-t-il dans la note d'intention pour Un honnête commerçant. Il est persuadé que « le Mal Absolu est en germe dans chacun de nous. » Dans ce long-métrage, le premier dont Philippe Blasband assure aussi la mise en scène, nous suivrons Hubert Verkamen, un petit employé des contributions qui devient peu à peu grossiste de la drogue.
Le film se passe dans sa grande majorité lors d'un interrogatoire, durant le face-à-face de Verkamen et d'un policier. En l'occurrence, par les mirages du cinéma, le commissariat en question est en réalité la grande salle des fêtes ou de sports de l'école Neiwiss à Rodange. Samsa Film (Luxembourg) et Artemis Productions (Belgique) assurent la production d'Un honnête commerçant.
Ce sont des fidèles, chez Samsa, car Philippe Blasband, nouvelliste et romancier (De cendres et de fumées, L'Effet-Cathédrale, Max et Minnie, Le Livre des Rabinovitch, Quand j'étais Sumo), monteur de formation, dramaturge et metteur en scène au théâtre, est surtout connu en tant que scénariste et dialoguiste, notamment de Max et Bobo et le très récompensé Une liaison pornographique de Frédéric Fonteyne ou encore Thomas est amoureux de Pierre-Paul Renders. Les films de Frédéric Fonteyne ont déjà été coproduits par Samsa, tout comme L'amour en suspens de Hermann Van Eycken ou le premier long-métrage que la Luxembourgeoise Genevière Mersch tournera d'ici 2002, J'ai toujours voulu être une sainte.
Il était donc quasi naturel que Samsa soit associée pour les débuts de Philippe Blasband à la mise en scène. D'ailleurs tout se passe comme s'il y avait actuellement une équipe de cinéastes francophones belges très dynamiques et très solidaires, pour qui le Luxembourg est devenu un partenaire naturel. Au début grâce aux certificats d'aide à l'investissement audiovisuel, mais des relations professionnelles solides ont pu en découler.
Un peu comme son héros, Verkamen, Philippe Blasband avait l'habitude, en tant que scénariste, de travailler dans l'ombre, la présence des médias sur le tournage et surtout le jeu des interviews l'embête un peu - TF1, Canal+ Belgique, RTL Tele Lëtzebuerg s'enchaînent. « Mais comme je suis payé un peu plus pour ça, ça va, » rigole-t-il à l'intervieweuse.
À l'intérieur de l'école, dans la salle de tournage, Philippe Noiret s'est changé pour la prochaine scène. Très patient, tout le contraire de la star capricieuse, il attend les instructions du premier assistant à la réalisation très efficace. Philippe Noiret incarne Monsieur Chevalier, ou son fantôme, une sorte de conseiller de Verkamen, son mentor, un trafiquant impitoyable, self-made-man sans merci qui apprend le dur métier de dealer à son jeune protégé.
Hubert Verkamen est joué par Benoît Verhaert, qu'on a pu voir récemment sur nos écrans dans Thomas est amoureux. La troisième « star » de ce tournage étant indubitablement Yolande Moreau, membre de la compagnie de théâtre de Jérôme Deschamps et Macha Makeïeff et des Deschiens sur Canal+, ici en commissaire Bex de la brigade des stupéfiants.
Le tournage se poursuit jusqu'à la fin du mois, encore quelques jours au Luxembourg avant de s'achever, pour les scènes d'extérieur, en Belgique, à Waterloo. Sortie prévue du film : avril 2002