Parangon de l’electro-pop luxembourgeoise, Hal Flavin sort son deuxième EP intitulé The talk, près de trois ans après son premier ep homonyme. Depuis, le trio n’a fait que truster les devants de la scène luxembourgeoise tout en s’octroyant quelques belles échappées en terres étrangères.
Pour The talk, Hal Flavin voit grand et se donne les moyens d’y parvenir. Tout d’abord en confiant le mastering à Mike Marsh des Exchange Studios basés à Londres, déjà à l’œuvre pour les Pet Shop Boys, les Stereo MC’s, Depeche Mode ou plus récemment The Knife et Röyksopp, qui donne effectivement à leur morceaux un côté bigger than life. Ensuite, ces mêmes morceaux n’ont plus ce côté sinueux qu’était l’apanage du groupe à l’époque du premier EP. Cet effort vers des structures simplifiées n’éclipse cependant pas l’autre péché mignon d’Hal Flavin, la surcharge, qui fait encore surface, le temps d’un Higher life ou d’un Curare.
En effet, sans vraiment plomber le disque, l’impression d’entendre Hal Flavin démontrer tout son savoir-faire avec son rutilant attirail perdure. Un peu plus de sobriété dans les arrangements n’aurait fait que démontrer un peu mieux leur maîtrise, pourtant bien présente. Ce côté démonstratif est fort heureusement contrebalancé par une sensibilité pop et des gimmicks qui font mouche, atouts dont dispose le trio depuis longtemps.
Comme beaucoup de ses contemporains, Hal Flavin truffe ses compositions de sonorités marquées par les années 80 dans leur aspect wave et synthétique. Puisant dans le réservoir des Duran Duran, Ultravox, Human League et autres Eurythmics, ils récupèrent quelques tics et ce côté un peu flashy caractéristique de ces groupes en l’opposant à leur propre esthétisme sophistiqué et un peu arty. Vous ajoutez une solide base funk qu’illustre la basse de Mike Koster, n’hésitant pas à placer quelques slaps de-ci, de-là autour des programmations du tandem composé de Marc Clement et Sam Reinard.
L’EP commence par Higher life et son introduction implacable. Les voix passées aux vocoders prennent le relais, laissant le morceau partir dans tous les sens et s’égarer en trois minutes 59, malgré ou à cause d’une avalanche d’idées, bonnes prises individuellement.
Le morceau titre The talk se détache aisément du lot par ses mélodies fédératrices, son ton enjoué et dansant, mais aussi un équilibre tout au long de la chanson entre les différents ingrédients présents, chassant sur des terres similaires que les Friendly Fires. Suit le touchant 7th year, qui montre à l’envi toute l’étendue du registre vocal du chanteur Marc Clement. Ici aussi, le parti pris de ne pas en faire trop réussit au titre, qui s’étoffe peu à peu, mais ne s’alourdit jamais, et ce même avec la mise en marche de la machine.
Curare met à profit une introduction intrigante, coupée par un slap tranchant et des rythmes pour le moins rentre-dedans. Une belle ligne mélodique comme couplet et des synthés aériens se font bousculer par un chorus mené par une guitare incisive. Mais si les parties prises individuellement sont efficaces et rondement menées, il manque au tout un chouïa de conviction à trop vouloir jouer sur les contrastes saisissants. Broken waves se charge de clôturer l’EP avec une rythmique claudicante et des vocaux trafiqués. Plage ouvertement expérimentale, elle lance Hal Flavin vers des chemins lugubres, forcément éloignés des feux de la rampe, mais dévoile une facette plus sombre et non-négligeable du trio.
Avec The talk, le trio semble vouloir courir après quelques lièvres à la fois. Affichant des ambitions grand public, il ne veut pas cependant renier son passé plus expérimental, geek et touche-à-tout. Toujours à la recherche d’un mélange entre froideur et sensualité, rigueur et lascivité, expérimentation et accessibilité, Hal Flavin ne s’est pas encore décidé de quel côté de la Fforce agir. Cette voie du milieu est peut-être la plus périlleuse, mais aussi la plus gratifiante.