Les petites et moyennes entreprises en Europe sont les principaux agents du passage à une économie verte, révèle l’enquête Eurobaromètre sur les PME dévoilée par la Commission européenne le 27 mars. Représentant 99 pour cent des entreprises européennes, elles apparaissent comme un puissant facteur d’accomplissement de l’Europe 2020 pour une croissance durable.
« 64 pour cent de la pollution provient des PME. Donc convertir les PME pour assurer une meilleure utilisation des ressources, un recours accru aux énergies renouvelables et produire des produits et services verts doit être une priorité », estime Antonio Tajani, commissaire européen pour les entreprises et l’industrie. Le mouvement d’écologisation souhaité par la Commission semble bien engagé puisque 93 pour cent des PME sondées affirment avoir mis en place au moins une action favorisant l’utilisation plus efficace des ressources, le plus souvent au moyen d’économies d’énergie ou de diminution des déchets. Parmi celles qui font des efforts, l’existence d’incitations financières et fiscales ou tout autre type de soutien public, la création d’un avantage concurrentiel ou la demande des clients ou des fournisseurs sont citées comme source de leur motivation. Ainsi Godefroy Denoyelle, directeur d’Alp’Imprim, une PME française employant 30 personnes spécialisée dans les métiers de l’impression et du cartonnage, affirme que « la transition verte émane d’une prise de conscience. Par exemple, nous utilisons des cartons recyclés ou issus de forêts gérées durablement, ou des encres végétales et non plus dérivées du pétrole. Au sein de l’entreprise, chacun se sent investi dans cette démarche environnementale. Et puis nos clients sont très sensibles au discours écologique ». Max Chorus, gérant de Streff, une entreprise luxembourgeoise de déménagement, renchérit : « Nos camions, assure-t-il, ont le niveau d’émission le plus bas, nos cartons sont réutilisables, voire remplacés par des boîtes en plastique, nos housses sont en tissus et non en plastique. Le dépôt est couvert de panneaux photovoltaïques qui fournissent une partie de notre électricité, et nous nous chauffons au bois. Toutes ces petites choses forment un progrès pour l’environnement ».
Bien que la mutation verte soit engagée, beaucoup reste à faire pour que les marchés verts atteignent leur maturité : si 26 pour cent des PME déclarent qu’elles offrent des produits et services verts, et 8 qu’elles le feront dans les deux ans à venir, 60 pour cent n’ont pas l’intention de développer de telles offres. « C’est un grand défi de passer à un mode de production vert », affirme Guido Lena, directeur du développement durable à l’Union européenne de l’artisanat et des PME. « Dans cette phase de crise économique où les banques prêtent moins, il y a un problème, car les PME ne peuvent faire face aux investissements nécessaires pour assurer la transition écologique. Notre objectif est notamment d’améliorer l’accès aux financements ». En effet, 9 pour cent seulement des PME indiquent avoir reçu un soutien du secteur public, 24 l’ayant trouvé auprès du secteur privé.
Des politiques de soutien nationales et européennes pourraient accélérer le mouvement. Pour la moitié des PME interrogées, les mesures financières (remboursements d’impôts, prêts, aides) seraient les plus opérantes pour promouvoir l’utilisation efficace des ressources. Par ailleurs, le potentiel international reste largement inexploité. Parmi les entreprises qui proposent des produits et services verts, très peu ciblent les marchés extérieurs, en particulier les économies émergentes : 87 pour cent restent sur leur marché domestique, mais seules trois se lancent en Asie et Pacifique-sud et deux en Amérique latine.
Plus d’un tiers des PME rapporte employer un salarié dans une activité verte (informations, technologies ou matériaux qui préservent ou restaurent la qualité environnementale), ce qui représente près de 13 pour cent des emplois dans les PME, soit un employé sur huit. Les créations d’emplois verts apparaissent bien, au travers de cette enquête, reposer pour une large part sur les PME.
Laurent-Philippe Ham, directeur de Greenfish, Cabinet de conseil en technologies vertes, qui concentre son activité recrutement sur les profils verts, explique avoir constaté une forte hausse de la demande des entreprises : « Les métiers classiques de l’environnement sont en plein boom, mais il y a également une forte demande de la part d’entreprises aux activités plus traditionnelles pour des conseillers en prévention, des chimistes spécialisés en dépollution des eaux, des spécialistes QSE (qualité, sécurité, environnement)… J’espère que dans quelques temps l’exigence environnementale sera intégrée à tous les métiers et que nous n’aurons plus besoins de parler d’emplois verts ».