Le Fonds monétaire international scrute avec le raffinement d’un entomologiste les évolutions du secteur bancaire luxembourgeois, sa gestion des risques et la qualité de sa réglementation, centre qu’il a d’ailleurs classé dans son Top 25 des places financières « systémiquement importantes ». Il est jugé assez vulnérable, en raison de ses engagements et sa forte exposition dans la dette souveraine de pays périphériques de la zone euro et de sa dépendance des maisons-mères à l’étranger.
Le rapport préliminaire du FMI note à ce propos qu’une « aggravation de la situation des maisons mères ou des marchés de dettes souveraines pourrait intensifier le désendettement et accélérer la restructuration du secteur bancaire national ». Autre risque pointé du doigt, celui d’une « soudaine perte de confiance des investisseurs (pouvant) conduire à des décollectes de l’industrie des fonds d’investissement ».
La rengaine est connue et le constat de faiblesse est avant tout théorique. Les experts, qui ont bouclé cette semaine leur mission au Luxembourg, n’ont pas livré de détails sur l’étendue des risques pesant sur la santé de la Place. Sans doute réserveront-ils ce genre d’informations chiffrées lors de la rédaction de leur rapport final attendu pour le mois prochain, les conclusions qu’ils ont fournies lundi lors d’une conférence de presse étant préliminaires.
Malgré les efforts que la Commission de surveillance du secteur financier a faits pour se conformer aux recommandations formulées par le Gafi, il y a un an, et en dépit de la haute qualité de l’environnement réglementaire, le régulateur devra faire encore davantage, ont expliqué les experts du FMI : en termes de recrutement de personnel d’abord puis de contrôles sur place des établissements surveillés (banques et fonds d’investissement notamment pour accomplir une « supervision intense et proche du marché ») et enfin d’indépendance par rapport à son ministère de tutelle. Une question de gouvernance, aux yeux des experts qui recommandent de renforcer le statut de la CSSF pour assurer « sa pleine indépendance » opérationnelle vis-à-vis du ministère des Finances.
Globalement, les recommandations du FMI portent sur des points de détail pour améliorer davantage un système de qualité. Mais, disent en substance les experts, l’importance de la Place de Luxem-bourg est telle au plan systémique et du point de vue international qu’il est donc crucial que le cadre réglementaire se hisse au plus haut au regard des standards internationaux.
Comme il fallait s’y attendre, le FMI a en outre pointé du doigt les faiblesses de la coopération de la CSSF et de la Banque centrale du Luxembourg en matière de surveillance des risques de liquidités. Il est vrai que la base sur laquelle s’appuie cette coopération est un peu légère, ce que n’arrête pas d’ailleurs de rappeler Yves Mersch, le patron de la BCL. Il y aurait, aux yeux des experts, « une petite zone grise » au niveau de la supervision du risque de liquidités dans les banques. Une clarification serait donc nécessaire au sujet de la division des tâches entre les deux institutions.
Quant au dispositif de gestion des crises que le gouvernement doit mettre en place, notamment l’assurance des dépôts bancaires et des titres et le fonds de soutien aux banques défaillantes (lire par ailleurs), le FMI salue la « réactivité très nette » des autorités luxembourgeoises, mais regrette que le système programmé ne soit pas davantage « coordonné ».