Instagram, une application de partage en ligne de photos, est l’exemple d’un réseau social dont le succès repose presqu’exclusivement sur le déploiement d’une application sur les téléphones portables. Après l’adoption massive de l’application destinée aux terminaux mobiles d’Apple, son co-fondateur, Kevin Systrom, vient d’annoncer le prochain lancement d’une version pour Android.
Instagram a aujourd’hui quelque 27 millions d’utilisateurs enre[-]gistrés. Le principe est simple : Instagram permet à l’utilisateur d’optimiser et de modifier ses images en leur appliquant un filtre digital. Il peut aussi lui donner un aspect de cliché ancien. La photo, obligatoirement recadrée dans un carré pour la faire ressembler aux formats des mythiques appareils Kodak Instamatic et Polaroid, est placée sur le serveur d’Instagram. Elle peut alors, si l’utilisateur le souhaite, être publiée sur un réseau social, soit celui d’Instagram soit celui du choix de l’utilisateur, Twitter, Flickr, Tumblr, Facebook ou d’autres en copiant l’URL de la photo mise en ligne. La palette de retouches et modifications disponibles évolue en permanence à travers l’ajout de filtres. À mesure qu’il découvre des images qui lui plaisent, l’utilisateur peut suivre leurs auteurs, devenant ainsi à la fois photographe aux œuvres vues par ses pairs et visiteur de galeries virtuelles mises en ligne par d’autres photographes.
Avec cette recette simple, et bien que confiné pour l’instant au système d’exploitation iOS d’Apple, Instagram, lancé en octobre 2010, a réussi à devenir une application prisée bénéficiant d’un buzz considérable, et leader dans son domaine dans l’univers d’application des iPhone et iPad. Instagram a été sacrée application de l’année sur AppStore en 2011.
Les photos sont dotées de « hashtags », étiquettes qui permettent aux internautes de former rapidement des bouquets thématiques d’instagrams. Dans un entretien avec le magazine Tech Crunch, Kevin Systrom n’a pas voulu fournir le chiffre d’utilisateurs actifs, mais a précisé que parmi ceux qui se sont servis de l’application durant la semaine écoulée, 67 pour cent l’ont fait la veille, ce qu’il a comparé à « un niveau d’engagement comparable à celui de Facebook ». Sur son site, l’entreprise propose des recommandations très précises à ses utilisateurs pour maximiser l’impact de leurs collections de photos en ligne. Elle suggère de mettre en avant les points communs entre certaines photos pour générer des séries, de les doter de hashtags précis en s’inspirant de ceux utilisés par d’autres, de n’utiliser qu’un filtre à la fois etc.
Kevin Systrom n’a pas dévoilé comment Instagram compte générer des revenus. Instagram est gratuit, il n’existe pas de version payante, et l’application ne propose ni publicité ni liens vers des achats en ligne. Mais il a reconnu indirectement qu’Instagram finirait par se tourner vers la publicité en déclarant : « Nous avons une plateforme visuelle et les publicitaires aiment les médias visuels. Ils aiment les télévisions et les magazines, mais l’attention se tourne vers le monde en ligne et ils veulent s’y engager. Je pense qu’Instagram a pris racine et nous croissons plus vite que tous les autres. Y a-t-il là de quoi le transformer en un business de plusieurs milliards de dollars ? Je pense que nous pourrons trouver quelque chose au fur et à mesure ».
Contrairement à Pinterest, le réseau social de partage d’images très à la mode qui a commencé à générer des revenus dès sa création, Instagram évolue donc pour l’instant dans cette zone grise typique des start-up qui réussissent à fidéliser un public considérable mais reposent entièrement sur l’aide de « business angels » et les investissements de « venture capitalists » pour faire bouillir la marmite.