Ils se sont bousculés au portillon, les jeunes policiers venus écouter leurs représentants à l’assemblée générale du syndicat mercredi soir à Hesperange. Cela faisait longtemps qu’il n’y avait plus eu un tel engouement pour une réunion syndicale des forces de l’ordre. À tel point que les responsables du SNPGL ont dû s’excuser auprès des quelque 200 membres qui n’ont plus trouvé de places disponibles au centre Nicolas Braun.
La réforme dans la Fonction publique est certainement pour beaucoup dans ce regain de syndicalisme, car les policiers ont des avantages à perdre en matière de salaires, primes, logements de fonction etc. Le discours musclé du secrétaire Maurice Meysenburg – « une police grand-ducale mal payée, minée par des jalousies et des népotismes est une mauvaise police » – fut accueilli par des applaudissements enthousiastes.
Maintenant, pour gagner cette course, il faut trouver des alliés. Les initiatives du syndicat sont certes appuyées par l’imposante Confédération générale de la fonction publique, dont il est un des membres. Or, il doit aussi se rendre à l’évidence qu’il risque de se retrouver bien seul face au gouvernement et à l’opinion publique. Peut-être davantage encore que les enseignants qui ont toujours eu du mal à justifier leurs conditions de travail, jugées trop avantageuses aux yeux du public.
C’est pourquoi Maurice Meysenburg a aussi lancé un appel à ses membres pour qu’ils évitent de malmener les gens – « nous devons obtenir le soutien du public » – tout en exhortant ses collègues à rester courtois lorsqu’ils interviennent sur le terrain. Les chiffres en disent long : l’année dernière, 128 policiers ont été blessés lors d’actes de rébellion. C’est énorme, et il y a quelques années encore, la direction générale avait justifié cette recrudescence d’agressions contre des agents par le phénomène d’une population plus vite disposée à recourir à la violence. Le manque de retenue face aux uniformes n’est cependant qu’un des éléments de réponse. L’Inspection générale de la police est de plus en plus souvent saisie par des plaintes de particuliers contre des agents de la police – que ce soit pour des actes agressifs ou déplacés ou pour être restés inactifs alors qu’ils étaient confrontés à des situations d’urgence. « De tels épisodes ont un effet désastreux sur l’image de la police », avait-elle souligné dans son rapport 2009, tout en rappelant elle aussi aux policiers de ne pas oublier la courtoisie.
La police victime d’agressions. La situation a pris une telle ampleur que le syndicat a décidé de lancer une action de sensibilisation avec une affiche montrant un policier, la figure ensanglantée, à côté d’une photo avec un agent expliquant à des enfants comment se comporter sur la route. « Protégez ceux qui vous protègent », est le message de l’affiche.
« On nous crache dessus, on nous mord, on nous griffe, on nous bat, on nous menace, a aussi martelé le président Aly Ressel, juste parce que nous avons choisi un métier par lequel nous garantissons la sécurité des personnes. » Un travail ingrat qui justifie sans doute quelques primes et avantages.
La police dans le rôle de la victime, c’est le monde à l’envers. Le gros calibre à la ceinture n’impressionnerait donc plus personne. D’ailleurs, un des reproches récurrents adressés à la police est que certains ont la gâchette trop facile. Toujours est-il que mercredi soir, une des revendications de Maurice Meysenburg a été l’assouplissement des limitations à l’usage des armes. Un mémorandum a été commandé auprès d’un avocat. Mais le manque de respect auquel est confronté la police est-il réellement imputable à une réglementation trop stricte de l’usage d’armes à feu ?