Edgar Wright, l’homme derrière la fameuse Three flavours cornetto trilogy (Shaun of the dead, Hot fuzz, The world’s end, 2004-2013) et Scott Pilgrim vs. The World (2010) est de retour avec un mélange entre film de casse et comédie d’action, inspiré par The Driver (1978) de Walter Hill et bien d’autres long-métrages truffés de courses-poursuites et de personnages durs à cuire. L’originalité de Baby driver est le fait que son protagoniste, surnommé Baby (Ansel Elgort), souffre d’un acouphène et passe ses journées à écouter de la musique pour atténuer le sifflement constant dans ses oreilles, même pendant les braquages pour lesquels il est recruté comme chauffeur par un gangster, Doc (Kevin Spacey).
Cette omniprésence de musique, un choix éclectique d’une bonne trentaine de chansons dont la plupart date des années 1960/1970 et parmi lesquelles figure évidemment Baby driver de Simon & Garfunkel, donne lieu à une séquence d’ouverture magistrale. Le jeune chauffeur y démontre toutes ses capacités au volant et Edgar Wright son talent de mise en scène. Depuis Drive, de Nicolas Winding Refn, on n’avait pas vu une course-poursuite filmée d’une manière aussi originale et intense. S’ensuit un plan séquence élaboré à l’aide du chorégraphe Ryan Heffington, toujours sur fond musical bien sûr, où la promenade du héros ainsi que la chanson sont en parfait accord avec les mouvements et les bruitages de son environnement.
Après cette première petite escapade vers la comédie musicale, la virtuosité du réalisateur britannique et la brochette de stars comme Kevin Spacey, Jon Hamm et Jamie Foxx continuent à nous impressionner ainsi tout le long, mais n’arrive pas à cacher pour autant que le scénario de Baby driver n’est finalement qu’un patchwork de tous les films du même genre. Le héros qui cherche à se défaire de l’emprise du caïd après un dernier casse, les personnages de gangsters avec un grain de folie et le grand amour avec lequel Baby veut prendre la route pour une nouvelle vie sont tout autant de stéréotypes servant une intrigue qui s’arrange par ailleurs un peu trop avec les coïncidences.
Bien que le second degré et l’hommage soient une partie intégrante du concept, les dialogues convenus et le dénouement prévisible de Baby driver finissent par lasser justement cette génération de spectateurs auxquels la playlist d’Edgar Wright parle probablement le plus. Le public plus jeune, forcément muni d’un bagage cinématographique moins important sera sans doute attiré par l’affiche du film rappelant inévitablement celle du jeu vidéo GTA V.
Mis en scène de manière assez originale pour sortir du lot et trop peu osé pour compter comme ré-interprétation du sous-genre du heist movie, Baby driver reste finalement plus un exercice de style, un clip de 112 minutes, porté par des acteurs charismatiques dont le jeune Ansel Elgort (Divergent, 2014) est sans doute la découverte la plus surprenante. Fränk Grotz