La vitrine du 14, rue Louvigny expose des montures de lunettes sur un dispositif horizontal de plexiglas blanc illuminé, cerné de bois sombre et surmonté d’une paire de skis antiques en bois. Il s’agit d’un des deux magasins de l’opticien Ralph Weis. Dans l’entrée, un petit présentoir contient une corne de bovidé et une monture dans ce même matériau, comme un rappel du savoir-faire artisanal que requiert la fabrication de ces lunettes.
L’aménagement intérieur, repris de son prédécesseur Gilles Esslinger en 2008, est d’une élégance sobre. Tout un pan de mur de ce magasin plutôt étroit est longé d’un grand meuble en bois avec des portes en métal couleur anthracite et une étagère de bois, la seule à présenter une vingtaine de montures de fabricants de lunettes, disposés sur des carrés de feutre gris. On y trouve des montures de grandes marques, comme Moscot, Thom Browne, mais aussi de plus petits producteurs comme Wollenweber, qui fabriquent des montures en corne sur mesure, ou Rolf, une production manuelle autrichienne en bois massif stratifié, dans toutes les essences imaginables, à un prix faramineux, mais qui en jettent de par leur savoir-faire, leur style et le nombre réduit de la production,…
Sur l’autre mur de ce couloir, une photo de Woody Allen portant des lunettes nous sourit avec bienveillance. Dans la pièce plus généreuse du fond, qui contient une longue table en bois, un Johnny Depp à lunettes orne un mur. Ces sont des panneaux publicitaire du producteur de lunettes Moscot, une institution New-Yorkaise, dont le premier magasin ouvra ses portes en 1925 au 94, Rivington Street au Lower East Side. « Depuis que Johnny Depp en porte, tout le monde en veut, explique Ralph Weis, unique distributeur de Moscot au Luxembourg. Mais c’est déjà sur le déclin, ça va encore peut-être passer cette année et puis les gens voudront autre chose ».
Ralph Weis, 47 ans, porte des lunettes, une veste bleue nuit sur un pull et un pantalon noir slim avec des bottines en cuir, style Paul Smith. Il est originaire d’Esch–sur-Alzette où il va faire son certificat d’aptitude professionnelle auprès de l’opticien Michel Steffen. Il devient ensuite gérant puis associé chez divers opticiens au Luxembourg, avant de prendre un time-out pour s’occuper des ses enfants pendant sept ans. « On devient taré, on attend qu’une feuille tombe de l’arbre pour pouvoir la ramasser », confie-t-il en riant.
Lorsqu’en 2004, il apprend qu’un local de commerce est à vendre à Gasperich, son ardeur lui dicte de se lancer. Il réaménage le local à son style avec l’architecte intérieur Anouk Thill et crée Ralph Weis Opticien. L’année d’après, l’optique Ackermann est à vendre, et après avoir entrepris des transformations intérieures, il ouvre la boutique sise au 11, avenue de la Porte Neuve au printemps 2006. La période de l’année a voulu que dès le départ une grande partie de son fond de commerce à ce endroit soit fait par la vente de lunettes de soleil signées Paul Smith, Chanel, Prada, Gucci, Dolce Gabbana, Giorgio Armani, etc., pour les lunettes de soleil, mais aussi toute sortes de styles de lunettes correctrices branchées.
Quelles marques de lunettes sont en vogue actuellement ? Il sort des lunettes noires, style dernière saison Mad Men en Californie… « Il y a Thom Browne, New York… », il ouvre d’autres tiroirs et sort d’autres modèles … « Cutler and Gross, London … Dita … Mykita, Allemagne … » des modèles simples, intellectuels, fashion, bling-bling même…
« Les représentants disent que nous avons des modèles que les autres opticiens ne vendent pas. Nos clients savent que si une boutique va avoir le modèle qu’ils cherchent, c’est chez nous qu’ils vont le trouver, » raconte l’opticien. Et d’autres marques, il en a l’exclusivité pour le Luxembourg ou du moins pour Luxembourg-ville. Comment fait-on pour devenir distributeur? « Ils envoient quelqu’un pour voir le magasin et s’il leur plait, c’est un deal par rapport au nombre de paires vendues.. » explique Ralph Weis.
À l’heure actuelle, les deux locaux, rue Louvigny et rue de la porte Neuve, lui suffisent. Une boutique avec plus de lunettes de soleil et des griffes ; une autre plus sélective avec des producteurs exclusifs de lunettes. C’est rue Louvigny que se trouve l’atelier aussi, ainsi que tout ce qui est en rapport avec les lentilles de contact.
Les ingrédients de sa réussite ? 22 ans d’expérience, une équipe qui reste la même depuis le départ, composée de cinq opticiens et une vendeuse, une sensibilité esthétique, et un mot d’ordre de Buddha sur le site internet : « I never see what has been done, I only see what remains to be done » Avec des lunettes de Ralph Weis même l’avenir deviendra-t-il clair ? À voir !