« Ce sera une toute petite chose, très simple » répète Michel Clees quand on l’interroge sur son nouveau spectacle, En passant... Modeste, l’auteur et interprète l’est sans aucun doute. Une « toute petite chose » soit, mais délicieuse, en textes récités et chantés, que son public de fidèles aura assurément plaisir à découvrir, les 31 janvier et 1er février à la Kulturfabrik d’Esch-sur-Alzette. Après dix ans d’absence de la scène, Michel Clees et l’ensemble de talentueux musiciens qui l’accompagnent proposeront de nouvelles chansons pour les trois quart d’entre elles.
Aux textes, donc, comme toujours, Michel Clees. Danielle Hennicot (ensemble Lucilin) au violon et à l’alto, Serge Kettenmeyer aux percussions, Natascha Gehl à l’accordéon. Aux manettes des arrangements et de la partition musicale, le contrebassiste et compositeur Jeannot Sanavia et George Urwald, à la composition également et au piano. « J’ai beaucoup de chance de les avoir tous les deux », confie Michel Clees, qui rappelle être le seul « non musicien » du groupe. Ce serait oublier la musique des mots qu’il manie délicatement, avec maestra, en luxembourgeois, français, allemand et anglais.
Soirée musicale, « soirée littéraire » aussi comme la décrit encore Michel Clees, puisque l’écriture est, depuis toujours, ce qui jalonne sa vie et créé le lien entre ses deux « casquettes », celle d’auteur-interprète et celle de médecin gynécologue. Pour lui, « l’écriture et la médecine sont très liées ; on est confronté à tellement de mots quand on est médecin. Chaque lien, chaque conversation commence par « comment allez-vous ? », et puis on attend, et il se passe toujours une scène, des mots dignes d’intérêt. »
Les thèmes de En passant ? « C’est toujours l’amour, la mort, la maladie... Comme tout un chacun, ce sont les mêmes thèmes qui m’habitent toujours », confie-t-il, tout en regrettant de ne pas davantage manier l’humour : « Je suis quelqu’un de très heureux, mais dès que je prends la plume ce sont les choses graves qui sortent ! »
Au cours de la soirée, le public pourra entendre un texte de 18 minutes, L’autre jour dans la salle de bains : « L’histoire d’un homme en train de vieillir, qui se regarde dans la glace. Dans la chambre d’à côté, il y a sa femme qui est malade ». Mais le spectacle présentera aussi des textes plus politiques et satiriques, sur la guerre en Syrie ou la question de la pédophilie des prêtres, ou encore... sur le réseau social Facebook. Inattendu dans l’univers de l’auteur... « Et ça raconte quoi ? », demande-t-on. « Rien !, sourit Michel Clees. Ce que les gens racontent sur le réseau, comme « aujourd’hui j’ai mangé de la pizza ». À l’opposé, on entendra aussi avec bonheur Chanson d’une mère allemande, court texte de Bertold Brecht (1942) déjà plusieurs fois mis en musique.
Michel Clees s’est produit en récital pour la première fois dans les années 1970, alors qu’il n’avait que seize ans. Son premier spectacle avait pour décor un simple bistrot, où il était déjà accompagné de Jeannot Sanavia. La cinquantaine venue, c’est toujours avec le même enthousiasme que l’interprète partage son univers. Qui plus est, dans ce lieu dont il a contribué à la création, avec d’autres jeunes artistes alors inconnus ; ces anciens abattoirs devenus la Kulturfabrik après quinze ans de bataille, et dont Michel Clees préside toujours le conseil d’administration.
Après le spectacle, un nouvel album devrait sortir dans le courant de cette année, près de trente ans après son premier, immer noch, en 1985, aux Editions Binsfeld, et dix ans après Lettres, chez Ultimomondo en 2004, qui ont tous deux bénéficié d’un bel accueil public et critique. Son public pourra aussi lire avec bonheur, dans La maison des morts (Sterbehäusle, paru chez Ultimomondo ; voir d’Land 01/14) l’histoire d’un médecin qui devient dément. « J’espère que ce ne sera pas autobiographique ! » plaisante Michel Clees. Textes, chansons, petites histoires de vie, l’important, c’est toujours cet art du récit, des « images à donner », comme le résume bien l’auteur.