Rapport de Jugend- an Drogenhëllef

Le malaise derrière la drogue

d'Lëtzebuerger Land vom 11.07.2002

Parfois, le hasard fait bien les choses : Quelques heures avant que ne commençât, mardi, la manifestation organisée par la plate-forme des jeunes militants de Life « pour une politique cannabique tolérante et une prévention honnête des toxicomanies » à Esch-sur-Alzette, l'association de soutien aux toxicomanes Jugend- an Drogenhëllef présenta son rapport annuel 2001 à Luxembourg. Alors que les premiers estiment que les consommateurs de cannabis, avant tout les jeunes fumeurs de joints, sont injustement criminalisés - et ce malgré le fait que de nombreuses études scientifiques auraient prouvé sa basse nocivité, comparé à celle des drogues légales -, les seconds rapportent sobrement que leurs services accueillent de plus en plus de personnes ou de familles qui viennent chercher conseil pour la seule consommation de cannabis. Ce groupe est constitué d'une part de familles de jeunes, dont les parents viennent de constater que leur fils ou leur fille fume et ont besoin d'en parler, et de l'autre - et cela est un phénomène assez nouveau - de consommateurs réguliers de cannabis, qui fument depuis quinze, vingt ans et se rendent compte que cette consommation a des conséquences négatives, par exemple une certaine passivité qui les a fait rater un certain nombre de défis dans leur vie.

« Ce n'est pas la drogue qui nous intéresse, c'est l'homme qui la consomme, » lança Henri Grün, le directeur de Jugend- an Drogenhëllef lors de la conférence de presse. Et de plus en plus, les associations de terrain se rendent compte que parmi les toxicomanes - près de 60 pour cent des clients qui consultent les services de JDH sont heroïnomanes, voire polytoxicomanes -, le recours à la drogue n'est qu'une des expressions d'un mal-être. En 2001, le personnel psychosocial de JDH a participé à une formation sur le double diagnostic. « Le nombre de clients présentant, à côté de leur problème de dépendance, une pathologie psychique a considérablement augmenté ces dernières années, écrit Ariane Moyse, responsable du programme de substitution à la méthadone, dans le rapport annuel. On retrouve des syndromes dépressifs, phobiques, obsessionnels, psychotiques, états limites. » La prise de drogues est alors soit considérée comme une fuite en avant, soit comme une auto-médication, qui ne fait que cacher le malaise initial. Un recours plus massif au double diagnostic doit permettre à JDH d'adapter ses offres d'aide à ces nouvelles connaissances. 

De manière générale, l'on constate que bien au-delà de la publication des seuls chiffres, les rapports annuels des associations d'aide deviennent peu à peu de véritables ouvrages de référence faisant le point sur l'état de la science en la matière. En plus, Henri Grün a fait, exprès pour le rapport, une interview avec le ministre de la Santé, Carlo Wagner (PDL) sur les différents volets du plan d'action pluriannuel élaboré au ministère (voir aussi d'Land 33/00). Où le ministre réitère son engagement pour ce domaine et confirme les projets-pilotes qui seront lancés avant la fin de son mandat, comme l'instauration d'une piquerie ou d'un programme de distribution contrôlée d'héroïne. 

En 2001, JDH a pu créer cinq nouveaux postes grâce à l'augmentation du budget qui lui fut alloué par le ministère, c'est énorme sur un total de vingt collaborateurs. L'offre de services et d'aides a ainsi pu être diversifiée, notamment par l'arrivée d'un médecin à mi-temps, qui permet aux toxicomanes ayant des inhibitions à consulter un médecin, de se voir prendre en charge. Selon la docteure Stéphanie Davi, ces services sont basiques, comme la gynécologie pour les femmes toxico-dépendantes. Elle constate par ailleurs qu'il y a « pénurie de médecins acceptant de prendre en charge des patients pour substitution ». 

 

Le rapport annuel 2001 de JDH sera en ligne sur leur site www.jdh.lu dès août ; Life a créé un forum de débats sur www.act4cannabis.lu ; voir aussi notre dossier Toxicomanies sur www.land.lu

 

josée hansen
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