Pédaler vaut mieux que polluer

d'Lëtzebuerger Land du 04.07.2025

Au cours des deux dernières années, les ventes de vélos-cargos ont augmenté de soixante pour cent en Europe. Et Esch-sur-Alzette n’est pas en reste. Fin mai, la ville a mis deux cargo-bikes électriques à disposition des commerçants afin qu’ils effectuent leurs livraisons. Mis en place dans le cadre des Local Green Deals, le projet a été pensé en collaboration avec l’association des commerçants eschois et Transition Minett, collectif engagé dans la transition écologique de la région. Meris Sehovic, échevin (Déi Gréng), explique que cette initiative rassemble de manière concrète l’économie et l’écologie, des domaines trop souvent opposés.

Pouvant supporter 25 kilos dans leur boîte avant et cent dans leur caisson arrière, les deux pédélecs triporteurs ont jusqu’à 60 kilomètres d’autonomie. Après une utilisation allant de trente minutes à quatre heures, le vélo-cargo doit être ramené où il a été retiré, aux bornes de recharge situées place du Brill. Tout comme les autres vélos, ils sont autorisés à rouler dans la zone piétonne de la rue de l’Alzette durant les heures de livraisons mais, même lorsque celle-ci est fermée, les cargo-bikes peuvent être poussés grâce à leur assistance électrique.

Flexible, gratuit et facile d’utilisation, le projet a de quoi séduire. Reste à convaincre les premiers concernés : les commerçants et restaurateurs eschois. Cette nouvelle offre cyclable fait suite à une étude menée par Transition Minett, qui a démontré un fort intérêt de la part des commerçants, mis sauter le pas prend du temps. Meris Sehovic se montre néanmoins optimiste : « C’est tout nouveau et il faut faire évoluer les mentalités, il faut un temps d’adaptation pour se réorganiser. Je suis convaincu que le projet sera un succès ». Jo Metzler, fleuriste sur la rue de l’Alzette, pourrait faire partie des ambassadeurs. Ayant déjà testé le triporteur, il estime que le vélo-cargo pourrait compléter les livraisons de sa camionnette, pour les commandes imprévues. Le gérant de O’Kebap, avenue de la Gare, est lui aussi enthousiaste : « Utiliser le vélo-cargo permettrait de ne pas perdre vingt à trente minutes à chercher une place de parking et à polluer ».

Cependant, la plupart des commerçants travaillent déjà avec des plateformes de livraison et ne s’imaginent pas embaucher un nouvel employé pour les remplacer. Meris Sehovic, est critique vis-à-vis de ces services de coursiers. « Les commissions demandées, de 25 à 35 pour cent, sont trop élevées, les conditions de travail ne sont pas idéales et l’on constate un nombre considérable d’accidents car les livreurs, trop pressés, ne respectent pas la réglementation. » L’offre des cargo-bikes est en accès direct, ce qui évite l’intermédiaire de la plateforme. Dans une deuxième phase, la ville d’Esch envisagerait d’embaucher des étudiants pour assurer les distributions.

Alors qu’Esch-sur-Alzette est désormais reliée à Belval via le plus grand pont cyclable d’Europe, la vague de vélos devrait continuer de déferler. Non seulement sur le plan géographique, avec l’introduction de stations de vélos-cargos à d’autres endroits de la ville, mais aussi avec un élargissement de ce service aux résidents, selon leurs besoins. Au-delà des cargo-bikes, l’administration de la capitale des Terres Rouges réfléchit à des stations multi usages avec du carsharing, la location de vélos classiques ou encore une zone de pick-up. Une « panoplie de services pour limiter les trajets », résume Meris Sehovic. Enfin, aux vélos de ville et aux vélos-cargo vient de s’ajouter la location de VTT, la Métropole du Fer comptant maintenant de nombreux espaces verts.

Yolène Le Bras
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